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CHINOIS ET RUSSES
AU
KOULDJA

Il est un territoire de l’Asie-Centrale peu connu, le district de Kouldja, en Dzungarie, sur lequel il convient d’appeler en ce moment l’attention des personnes qui aiment à regarder au-delà des horizons restreints, par-dessus les petites questions et les petites choses du jour.

Certes, il est bon de s’intéresser aux affaires publiques, de connaître à fond les ressources de son pays, d’y jouer un rôle sérieux, de s’assurer enfin si ceux qui nous promettent depuis longtemps une ère de liberté et avec elle la légendaire poule au pot songent à tenir leurs promesses. Tout cela pourtant ne suffit plus à beaucoup de bons esprits, à ceux qui croient que la France se trouve non-seulement à Paris, mais encore sous les latitudes où son influence peut s’étendre et s’affirmer, là où, grâce au développement merveilleux de son commerce, elle a des intérêts engagés et des espérances à réaliser.

En voyant la Russie et la Chine en froid depuis deux ans, il nous a paru utile de nous renseigner sur les circonstances qui auraient pu faire éclater une guerre dont la gravité ne saurait échapper à personne. C’est assurément une banalité de dire aujourd’hui que toutes les nations sont solidaires; néanmoins nous ne croyons pas superflu