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page de ce document inédit, c’est moins le souci d’une meilleure rétribution qu’un désir ardent d’indépendance et de respectabilité.

« Premièrement, y est-il dit, les grammairiens, maîtres, écrivains et recteurs d’écoles sont chargés d’enseigner aux enfans les devoirs de la religion et la partie des sciences pour laquelle on les leur confie ; et, pour cet effet, ils emploient leur temps dès le matin au soir, quelquefois même au-delà.

« Secondement, dans les petites villes, bourgs et villages, les maîtres, après avoir passé les heures et les jours dus au travail dans leur classe, après s’être épuisés dans les pénibles instructions de la jeunesse, sont encore obligés d’être à l’église les premiers chantres et soutenir le chœur dans le service divin. Dans la plupart des campagnes mêmes, les recteurs d’école sont tenus d’assister les pasteurs dans toutes les fonctions de leur ministère, soit de jour, soit de nuit. Ce n’est pas tout : ils sont encore souvent sacristains, marguilliers et sonneurs. — En sont-ils pour cela plus heureux ou plus considérés ? Tant s’en faut. Il semble au contraire que plus ils rendent de services dans une communauté, plus ils sont avilis. On les regarde comme de vils mercenaires auxquels chaque paroisse ou communauté donne un gage (rougissons du terme), oui, un gage comme au dernier des valets, depuis 40 jusqu’à 150 livres et qui très rarement dans les petites villes ou bourgs monte à 200 livres ou excède cette somme. On les exempte en outre des impôts s’ils n’ont point de biens-fonds, et quelquefois sont logés, et avec cela, quoique vivant très sobrement, ils ont à peine leur subsistance… Ils n’ont aucune part aux biens communaux et ne jouissent d’aucuns avantages locaux parce que, dit-on, on les a exemptés des charges. Que si quelquefois on leur accorde une portion dans les fruits qui croissent dans le pays, c’est une simple permission de quêter comme des mendians…

« Troisièmement, ils sont regardés comme étrangers et non comme citoyens et n’ont point entrée aux assemblées des communes. Comme gens errans et sans aveu ils n’y ont aucune voix délibérative. Si quelquefois un maître est appelé dans une assemblée, ce sera pour servir de scribe à défaut de celui qui est établi et payé pour l’être, ou si on l’en charge, il faut qu’il le fasse gratis. Encore croit-on lui faire trop, d’honneur en lui confiant cette fonction. »

Viennent ensuite les vœux, au nombre de six :

1o Qu’aucun maître ne puisse être nommé avant d’avoir accompli sa vingtième année, d’être marié ou de s’engager à l’être dans l’année, à moins de « demeurer avec père, mère, frère ou sœur. »

2o Que les candidats soient munis de bons certificats de vie,