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auxdites écoles et aux catéchismes jusqu’à l’âge de quatorze ans ;., enjoignons aux curés de veiller avec une attention particulière sur l’instruction desdits enfans dans leurs paroisses. »

Vingt-six ans plus tard, une déclaration du nouveau roi (14 mars 1724) renouvelait ces prescriptions et rendait obligatoire cette même imposition de 150 francs pour les maîtres et de 100 francs pour les maîtresses, toujours « dans les lieux où il n’y avait pas d’autres fonds. »

Que ces prescriptions soient restées la plupart du temps lettre morte, surtout en ce qui concernait les maîtresses, on ne saurait sérieusement le contester. L’idée d’une éducation nationale dirigée par l’état et payée par la communauté n’était pas encore née. La royauté se contentait d’encourager l’instruction publique et s’en remettait volontiers pour le reste à l’initiative individuelle. « L’état n’enseignait pas, a très bien dit M. de Salvandy. Pourquoi l’eût-il fait ? Il voyait partout des maîtres et des écoles suscités et entretenus par le trésor libre des largesses successives de la foi et de la charité. Ces maîtres, la plupart du temps, ne l’inquiétaient pas sur la direction des esprits, ni ces écoles sar la prospérité des études. » En effet, l’état, c’est-à-dire le roi, n’avait aucun intérêt à enseigner ; il n’avait qu’un intérêt, c’était qu’il y eût beaucoup d’écoles et que ces écoles fussent parfaitement orthodoxes. Ajoutons qu’en y tenant la main, il ne faisait qu’user d’un droit dont tous les régimes ont usé. Louis XIV voulait qu’on apprît aux enfans une religion qui apprenait elle-même la soumission au prince. La convention essaiera pareillement de substituer aux commandemens de Dieu la déclaration des droits de l’homme et au catéchisme la morale républicaine.

Toutefois, si les ordonnances royales et les décisions des conciles établissent d’une façon générale les titres et mérites de l’ancien régime en fait d’éducation populaire, on n’y trouve qu’un petit nombre d’indications sur le nombre et le degré de prospérité des petites écoles, sur leur organisation, leurs ressources, leur enseignement, leur personnel, et c’est ici que les travaux particuliers mentionnés plus haut prennent une véritable importance. On peut aujourd’hui, grâce à eux, se former sur tous ces points des idées fort exactes.

Quel était, par exemple, à la fin du XVIIIe siècle, le nombre des petites écoles relativement à celui des communes ? Nous ouvrons le livre de M. Robillard de Beaurepaire et nous y trouvons pour tout l’ancien diocèse de Rouen cette curieuse statistique dressée d’après les procès-verbaux des visites pastorales de Mgr d’Aubigné vers 1718 :