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leur laisser même le moindre prétexte, qu’elles ont arrêté la vente des forêts domaniales, dont le produit va devenir bien plus nécessaire encore qu’il ne l’était, et qu’il faut par conséquent encourager par tous moyens.

Tel est l’esprit dans lequel on croit généralement qu’il serait utile et même nécessaire que Votre Majesté parlât à ses peuples[1]. J’avoue à Votre Majesté que j’en suis moi-même persuadé. Je regarde surtout comme indispensable qu’à l’égard des garanties elle ne laisse rien à désirer. Si, comme j’ose l’espérer, Votre Majesté partage cette opinion, elle jugera sans doute devoir charger quelques-unes des personnes qui jouissent de sa confiance de préparer et de lui soumettre le projet de cette déclaration.

Je viens de rendre à Votre Majesté un compte exact et complet des résultats des négociations qui ont eu lieu pendant la durée du congrès, et de l’impression que les affaires de France ont faite à Vienne. Il ne me reste plus qu’à lui parler des choses de détail et de peu d’importance.

Depuis que j’étais à Vienne, une assez grande quantité de papiers s’était accumulée entre mes mains. La plupart ne sont pas d’un assez grand intérêt pour que je puisse en avoir besoin. Votre Majesté a des copies de tous les autres, de sorte qu’il m’était inutile de les emporter. C’est pourquoi j’en ai brûlé une grande partie et j’ai laissé le reste à Vienne, déposé entre les mains d’une personne sûre.

Je suis heureux de pouvoir terminer un si long travail, que la nature des choses que j’avais à soumettre à Votre Majesté a quelquefois rendu bien pénible pour moi, en lui parlant du zèle et du dévoûment au-dessus de tout éloge, dont ses ambassadeurs et ministres, dans les différentes cours, n’ont cessé de donner des preuves pendant toute la durée du congrès. Leur position difficile d’abord par les mêmes raisons qui m’ont fait trouver tant de contrariétés, l’a été plus tard par suite des événemens funestes qui se sont succédé depuis le commencement de mars. Ils n’ont vu dans ces difficultés même qu’une occasion de plus de montrer l’attachement pour Votre Majesté dont ils sont animés. Plusieurs se trouvent ainsi, et depuis quelque temps, dans de grands embarras pécuniaires. Ils ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour exister convenablement dans les différens postes que Votre Majesté leur avait confiés. On aura sûrement fait quelque disposition pour adoucir la situation dans laquelle ils se trouvent. Plusieurs éprouvent des besoins très pressans.



  1. Voir au Moniteur universel du 7 juillet 1815 la proclamation de Louis XVIII, datée de Cambrai et contresignée par M. de Talleyrand, qui en avait été le principal rédacteur. On y retrouve des phrases entières de ce Mémoire.