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ce fut seulement alors que la coalition, qui malgré la paix avait toujours subsisté, se trouva réellement dissoute.

De ce moment, le plus grand nombre des puissances adoptèrent nos principes; les autres montrèrent qu’elles ne les combattraient pas longtemps : il ne restait donc plus guère qu’à en faire l’application.

La Prusse, privée de l’appui de l’Autriche et de l’Angleterre, se vit alors, quoique soutenue encore par la Russie, dans la nécessité de borner ses prétentions à recevoir une portion de la Saxe ; et ce fut ainsi que ce royaume, dont le sort paraissait irrévocablement décidé et dont la destruction était prononcée, fut sauvé de sa ruine.

Buonaparte, après avoir occupé le royaume de Naples par la force des armes, l’avait donné, au mépris de l’indépendance des nations, comme une chose qui lui aurait appartenu en propre, et ainsi qu’il eût pu faire d’un simple domaine, à l’un de ses généraux, pour récompenser les services qu’il avait reçus de lui. Ce n’eût pas été une moindre violation de la légitimité délaisser sur un pareil droit, la possession de ce royaume. Sa chute fut préparée, et elle n’était plus douteuse, lorsqu’il la consomma lui-même par son agression. Sept semaines se sont à peine écoulées depuis cette agression, et déjà l’usurpateur ne règne plus : déjà Ferdinand IV est remonté sur son trône. Dans cette importante question, le ministère anglais eut le courage de se joindre entièrement au système de la France, malgré les clameurs indiscrètes et déplacées du parti de l’opposition, et les intrigues inconsidérées que des voyageurs anglais faisaient sur tous les points de l’Italie.

La France avait aussi à s’applaudir de la manière dont avaient été réglés la plupart des autres arrangemens du congrès.

Le roi de Sardaigne n’ayant dans la branche actuellement régnante de sa maison aucun héritier mâle, il pouvait être à craindre que l’Autriche ne tentât de faire passer sa succession à l’un des archiducs qui avait épousé l’une de ses filles, ce qui eût mis entre les mains de l’Autriche ou de princes de sa famille toute la Haute-Italie. Le droit de succéder de la branche de Carignan aux états du roi de Sardaigne fut reconnu. Ces états, accrus du pays de Gênes et devenus l’héritage d’une famille que tout attache à la France,