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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1881.

Arriverons-nous à voir un peu clair dans nos affaires et à savoir comment on entend pratiquer les institutions de la France ? les idées finiront-elles par se débrouiller ? y aura-t-il le scrutin de liste, y aura-t-il le scrutin d’arrondissement pour les élections prochaines ? La crise ministérielle, qui a pu être détournée avant tout débat parlementaire par une déclaration savamment évasive de M. le président du conseil, cette crise pourra-t-elle être évitée après les discussions qui mettront nécessairement au jour toutes les divisions ? Ce sont là des questions qui sont loin d’être résolues, qui ne cessent de s’agiter dans une certaine confusion ou une certaine lassitude des esprits, et en attendant qu’elles soient décidées, M. le président de la chambre des députés, qui, lui, a sûrement ses idées, ses intentions, prend ses libertés.

Il poursuit le cours de ses campagnes de propagande et de ses pérégrinations à travers tous les hôtels de Paris où l’on dîne en famille, — entre deux cents ou six cents convives choisis pour écouter la bonne parole ! Un jour, c’est au Grand-Hôtel qu’il comparaît en gala au milieu des membres de l’Union des chambres syndicales du commerce et de l’industrie ; un autre jour, c’est à l’hôtel Continental qu’il figure au milieu des invités de la chambre syndicale de la draperie. Peu auparavant, il s’était rendu au Trocadéro, non pas à un dîner cette fois, à une assemblée générale de l’Union des employés de commerce,

— et pour toutes les circonstances il a des discours ! M. le président de la chambre des députés est l’hôte obligé, l’orateur retentissant des banquets et des fêtes du commerce. Il se déploie à l’aise dans ces réunions qui ne lui ménagent pas les ovations, — qui au besoin, sans marchander, l’appellent Mirabeau ! Il fait pour ses auditeurs ébahis de