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ÉTUDES
D’HISTOIRE RELIGIEUSE

CRITIQUE DES RÉCITS SUR LA VIE DE JÉSUS.


I.

À partir de l’établissement des Juifs en Égypte autour du temple d’Onias, en 150 avant notre ère, il s’est fait dans le monde hellénique une propagande juive qui est allée se développant de plus en plus, en Égypte d’abord, puis en Syrie, puis dans l’Asie grecque, et enfin dans Rome même après la prise de Jérusalem par Pompée. En l’an 22 de notre ère, sous Tibère, cette propagande était devenue assez entreprenante pour inquiéter les pouvoirs publics et pour déterminer le sénat et l’empereur à chasser de la ville et à disperser les judaïsans. Mais, environ vingt ans plus tard, on apprenait qu’il venait de se produire à Antioche une secte de judaïsans qu’on appelait christiens ou hommes du Christ. Dès lors le christianisme était fait, et la propagande juive se transformait en propagande chrétienne[1].

Il y avait longtemps déjà que tout ce qui était juif attendait un Christ ou un Oint (Meschia en hébreu, Christos en grec), qui devait inaugurer ce que les Juifs appelaient le règne de leur Dieu, c’est-à-dire leur règne à eux-mêmes. À force de l’attendre, on finit par croire qu’il avait paru. On sait que la révolution par laquelle l’Iduméen Hérode se substitua à la race sacerdotale et royale des Asmonées,

  1. Χριστιανοί, christiani, d’où, en français, chrestiens, chrétiens.