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LES
FOUILLES DE PERGAME

Die Ergebnisse der Ausgrabungen zu Pergfamon, von Conze, Humana, etc.; Berlin,1880.

Les archéologues d’outre-Rhin ont, depuis quelques années, mis en coupe réglée la Grèce et l’Asie-Mineure; leurs succès marchent de pair avec ceux de la politique allemande. Les lecteurs de la Revue connaissent les trouvailles de M. Schliemann à Mycènes et les merveilleuses découvertes de M. Curtius à Olympie. Mycènes, il est vrai, n’a guère donné que des bibelots; l’art, dans le grand sens de ce mot, n’entre que pour une assez faible part dans l’intérêt qu’ils inspirent ; mais ces bibelots avaient appartenu à des dynastes de l’époque homérique. En fallait-il davantage pour exciter la curiosité et presque l’enthousiasme? Il est certain que cette exhumation d’armes, de vaisselle, d’ornemens innombrables, ces somptueuses tombes royales et jusqu’à ces tessons extraits du palais des Pélopides, qui garnissent aujourd’hui le musée d’Athènes, évoquaient dans l’esprit, avec une précision singulièrement intense, une civilisation à laquelle les beautés de la littérature classique prêtent un charme incomparable. — A peu près en même temps que les trésors de Mycènes illustraient l’histoire des temps primitifs de la Grèce, les sables de l’Alphée livraient les chefs-d’œuvre qui faisaient la gloire d’Olympie. Ici, tout rappelle le grand art et la plus belle époque. En poursuivant les investigations avec une méthode rigoureuse, on parvint à l’endroit où Pausanias rapporte qu’on voyait une statue de Praxitèle, un Mercure tenant Bacchus enfant sur son bras gauche. Les ouvriers mirent à nu, parmi toute sorte de débris, un buste de marbre surmonté d’une tête d’une rare