religieuse. Assurément, à part cette imagination assez ridicule de vouloir tout marquer à l’effigie républicaine, — à part cela, la république a bien le droit d’avoir sa politique. La question, pour s’arrêter à un point précis, la question est justement de savoir si c’est une politique habile et sérieuse de conduire les finances avec des illusions, de s’exposera abuser d’une prospérité qui est réelle sans doute, mais qui peut avoir aussi ses défaillances ou ses crises. M. le ministre des finances vient d’ouvrir un emprunt d’un milliard en rente dite amortissable. Il use en cela des autorisations légales qui lui ont été données, et de plus il ne fait que continuer les vastes opérations qui ont été inaugurées il y a quelques années. Aujourd’hui l’emprunt est décrété, la souscription va s’ouvrir, et sans insister sur les détails, sur les particularités de cette émission nouvelle, il ne reste plus qu’à attendre, à souhaiter un succès qui ne manquera sûrement pas, qui dépassera plutôt toutes les espérances Le crédit de la France se tirera encore de cette affaire comme il s’est tiré de bien d’autres. Il ne reste pas moins une question des plus graves des plus délicates, la question même de notre situation économique tout entière, du choix d’un système financier conforme à la vérité des choses et à la prévoyance politique.
Le système qu’on suit aujourd’hui peut paraître étrange et a évidemment ses dangers. La prospérité publique, sur laquelle on s’appuie et dont on parle sans cesse avec une infatuation dont on devrait bien se débarrasser, cette prospérité est réelle sans doute; elle se manifeste par des plus-values incessantes dans les produits de tous les impôts La situation financière est aisée, on ne peut le contester, et tous ceux qui se préoccupent de cet élément de puissance, de cet intérêt vital du pays s’en réjouissent. Cela étant, quelle est la conduite qui paraîtrait la plus naturelle? Que devrait-on faire? La plus simple sagesse semblerait l’indiquer. On devrait commencer par établir un large et solide budget ordinaire dans d’invariables conditions d’équilibre, et ce premier résultat assuré, avec les plus-values qui laissent entre les mains de l’état des ressources disponibles, on pourrait songer à des dégrèvemens successifs. M. le ministre des finances a déjà proposé et facilement obtenu des chambres l’an dernier quelques-uns de ces dégrèvemens qui n’étaient peut-être pas même les plus urgens. M. Léon Say, dans le discours qu’il a prononcé l’autre jour devant le centre gauche du sénat a proposé une autre de ces mesures que le gouvernement paraît voir avec quelque humeur; il a démontré avec autant de clarté que de raison pratique l’utilité, la convenance d’un dégrèvement de 40 millions sur la propriété rurale, dégrèvement devenu d’autant plus nécessaire que, si la contribution n’a pas varié en principal, elle s’est singulièrement accrue par les centimes additionnels votés depuis quelques années pour toute sorte de dépenses locales. De toute façon, après avoir dû au lendemain de la guerre, demander à la France des sacrifices nécessaires,