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REVUE LITTERAIRE

LES ROMANS DE MISS RHODA BROUGHTON.

Adieu les amoureux! — Fraîche comme une rose. — Joanna. — Le Roman de Gilliane Traduction de Mme C. du Parquet; Paris,1880-1881. Calmann Lévy.

« Qui l’a faite? Quiconque il soit, en ce a été prudent que il n’y a point mis son nom. » Je parle de l’anonyme qui traduisit pour la première fois en notre langue, — à ce qu’il croyait, — un roman de miss Rhoda Broughton, il y a de cela tantôt six ou sept ans. L’auteur anglais, assurément, méritait mieux. Non qu’elle ait égalé, parmi ses illustres devancières, l’auteur de Jane Eyre ou l’auteur d’Adam Bede; on peut même assurer, et sans aucun espoir d’être démenti par l’avenir, qu’elle ne les égalera pas. Mais à quelque distance d’Adam Bede et de Jane Eyre, qui pourraient bien être les chefs-d’œuvre du roman anglais contemporain, il y a place, heureusement, pour des œuvres fort honorables encore. C’est de quoi le lecteur conviendra, nous l’espérons, s’il veut bien lire même Nancy dans la traduction anonyme, et surtout Adieu les amoureux! — Fraîche comme une rose, — et Joanna, dans l’agréable traduction de Mme C. du Parquet. Outre quelques-uns des mérites ordinaires à la plupart de ces romans de mœurs dont l’Angleterre est la patrie d’élection, il y reconnaîtra des qualités originales et qui n’appartiennent bien qu’à miss Rhoda Broughton. Deux ou trois de ces récits sortent certainement de la moyenne et valent la peine d’être distingués dans le torrent de ces romans pieux, ou plus exactement piétistes, dont les filles de clergymen inondent périodiquement le pays du Common Prayer Book, ce qui leur est une manière, — lucrative à la fois en ce