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Il n’entre pas dans notre cadre de raconter au long les événemens politiques, et nous ne ferons qu’esquisser ceux de ces derniers temps. Le 26 octobre, l’empereur Maximilien quittait sa capitale et s’arrêtait à Orizaba. Mais le bruit courait qu’il allait abdiquer et qu’il poursuivrait alors son voyage jusqu’à la Vera-Cruz, pour s’y embarquer. Ses bagages étaient même arrivés, et le commandant Nauta, de la frégate autrichienne le Dandolo, avait reçu l’ordre de prendre toutes ses dispositions pour recevoir sa majesté, qui serait allée à Saint-Thomas d’abord, puis à Cadix. Le 30, la nouvelle arrivait que le départ de l’empereur n’aurait pas lieu avant quinze jours et bientôt après qu’un grand changement s’était fait dans les intentions de sa majesté, qui retournerait à Mexico. D’où venait ce changement? Qui l’avait inspiré? On dit que ce fut le maréchal. Quelle que pût être la déception des espérances qu’il avait conçues, ces espérances n’étaient point complètement anéanties tant que l’empereur Maximilien resterait provisoirement sur son trône. Puis, tant qu’il y resterait, l’armée d’occupation ne semblait devoir partir qu’à la limite extrême qu’on avait spécifiée, et son chef, demeurant naturellement à sa tête, ne serait point dans la cruelle alternative de renoncer définitivement, en partant avec elle, au rôle que les événemens pouvaient l’appeler à jouer ou de poursuivre ce rôle à tout hasard et comme un simple particulier, en restant au Mexique sans elle et sans son prestige. La dépêche qui ordonnait l’évacuation immédiate et complète fut donc un coup de foudre que la résolution de Maximilien de ne point abdiquer ne pouvait atténuer. Cette abdication semblait être en effet une conséquence forcée de l’évacuation et devoir même la précéder. Si elle avait lieu, on avait le champ libre pour obtenir par des négociations des garanties pour nos nationaux et les Mexicains compromis dans notre cause. Le ministre de France, M. Dano, et le général Castelnau eurent à ce sujet, et autant en leur nom qu’en celui du maréchal, une entrevue avec l’empereur Maximilien à Puebla. Après les avoir écoutés. Maximilien leur dit en souriant : « Vous me venez trouver de la part du maréchal, et c’est lui qui m’invite à rester. » Il leur tendait en même temps une lettre, où le maréchal lui conseillait de ne pas abdiquer, d’armer Marquez et Miramon, et lui proposait des armes. Il n’est pas croyable que de mesquines considérations d’argent aient influencé le maréchal, mais les souverains aiment à récompenser ceux même par qui ils se savent secrètement menacés, des conseils d’ambition qu’ils en reçoivent. Maximilien se montra reconnaissant envers le maréchal en lui achetant son palais de Buena Vista 100,000 piastres. L’expédition se liquidait moins brillamment pour la France. Au moment du départ, à Paseo del Macho,