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contre laquelle elles s’avançaient en s’augmentant de tous les petits détachemens qui existaient déjà dans la province, ce qui pouvait faire deux mille hommes. Le 26 août, une première attaque avait eu lieu. Le préfet se plaignait, non sans raison, d’être abandonné, et la ville était travaillée par des meneurs qui n’hésiteraient pas à se prononcer. Les chefs de Tampico s’acheminaient de leur côté vers Tuspan et se prétendaient sûrs d’avoir la garnison pour eux. Le Mosquito, dans de pareilles circonstances, ne pouvait rester seul à Tuspan, d’autant plus que l’appui qu’il lui prêtait devenait illusoire. Le Phlégéthon alla le chercher et le fit sortir de la rivière, bien que le général Callejo lui demandât de le laisser encore vingt-quatre heures. Mais, au fond, le général était enchanté du départ de ce petit navire, car c’était pour lui un moyen de s’excuser à nos yeux et un prétexte pour traiter. Il traita en effet aussitôt avec les libéraux.

Les troupes de Camacho et de Figuerero, qui eussent pu être fort utiles à Tuspan, ne devaient pas servir à grand’chose là où on les avait laissées. Elles se fondaient par la désertion et la maladie. Le colonel Figuerero, pressé par le capitaine de la Tempête de se rendre à Medellin, arguait du piteux état de sa cavalerie et ne paraissait point disposé à partir. Sur deux cent vingt-trois hommes de Camacho qui occupaient Alvarado, cent cinquante seulement, au 24 août, étaient valides. Au 7 septembre, ils étaient réduits à quinze ou vingt, et le colonel Camacho prévenait le capitaine Gaude qu’il partait pour Vera-Cruz, afin d’y demander des secours et qu’il reviendrait bientôt. Il était beaucoup plus probable qu’il ne reviendrait point, car, à son passage à Vera-Cruz, il ne donnait aucun signe d’existence au commandant Cloué.

A Jonuta, la garnison s’était soulevée, le 11 août, à l’instigation de ses officiers et avait proclamé la république. Cette troupe se composait de soixante-six hommes et de deux pièces d’artillerie. Aussitôt après cette proclamation, elle avait marché sur Palizada, lui avait imposé une contribution de 500 piastres et s’était retirée sur Macuspana. Le capitaine de la Tourmente allait à Jonuta, mais n’y pouvait rien organiser, il n’y trouvait pas d’ennemis, mais la plus grande inertie parmi les habitans. D’ailleurs, y eût-on envoyé de Carmen une nouvelle garnison qu’elle se fût prononcée comme l’ancienne, d’autant plus que les troupes de Carmen étaient composées d’anciens soldats de Régulés, transplantés au Yucatan, transformés là en soldats de l’empire et qui ne se tenaient tranquilles à la lagune que parce qu’ils avaient peut des canons de notre bâtiment stationnaire.

Par suite de la défection de Jonuta et de Palizada, la présence