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du Magellan partait en même temps que les Égyptiens pour rejoindre son bord.

Ces diminutions de forces enhardissaient le général Garcia, qui, avec plusieurs centaines d’hommes, rentrait à Amatlan et envoyait des éclaireurs jusqu’à Tlacotalpam. Le 17 avril, la Diligente et la Tactique partirent avec cent cinquante hommes pour Amatlan, mais les eaux avaient tellement baissé que les deux canonnières ne purent arriver qu’à portée de canon de la ville. Le débarquement se fit sans accident, et la troupe occupa la ville. Mais l’ennemi, toujours parfaitement informé de tous nos mouvemens, avait pris, depuis plusieurs heures, la route de Casamoloapam. Malgré cette fuite calculée et éternelle à notre approche, l’ennemi n’était nullement rejeté au sud du Rio-Papaloapam. Il nous surveillait au contraire, et, à mesure que nous nous éloignerions, devait reprendre toutes ses anciennes positions. Pour qu’il se soumît, il eût fallu occuper des points s’appuyant les uns sur les autres, car les libéraux n’eussent pu alors conserver dans leurs rangs tous les bras qu’ils enlevaient à l’agriculture, ainsi qu’aux nombreuses usines à coton et à cannes qui couvrent la riche vallée arrosée par le Papaloapam et ses affluens. Mais il ne s’agissait que de partir, et la colonne Testard n’était déjà plus libre de ses mouvemens si elle suivait par terre la même route qu’elle avait prise en venant. Les inquiétudes du maréchal à cet égard se trahissaient par les différens itinéraires qu’il lui traçait et dont il laissait le choix au commandant Cloué, en insistant pour que le capitaine Testard ne rencontrât pas l’ennemi. Le commandant se décida à faire partir la colonne Testard, dont l’état sanitaire n’était pas excellent, de Tlacotalpam à Alvarado par eau et d’Alvarado à Medellin et à la Vera-Cruz, où elle arriva en effet sans encombre.

Il n’y avait plus qu’à laisser le colonel Camacho à ses propres forces, ou à peu près, pour garder Tlacotalpam. On le lui signifia assez lestement en lui disant que la colonne Testard était partie pour continuer ses opérations et qu’il avait en conséquence à prendre le commandement militaire de Tlacotalpam. Outre son bataillon et les postes fortifiés qu’on avait élevés, il aurait la cavalerie de Figuerero, l’appui de plusieurs canonnières et on demanderait des renforts pour lui. Le colonel se mit à faire des tranchées et répondit qu’au besoin ses hommes se battraient. Mais la ville, en revanche, était à la fois désespérée et exaspérée. On nous criait: — « Pourquoi êtes-vous venus? Si encore vous nous laissiez quelques Égyptiens? » On ne voyait que des pirogues en train d’opérer les déménagemens des habitans, le seul fait d’avoir vécu à côté de nous étant un crime pour eux. La disette les obligeait de plus à quitter la ville, où il n’arrivait plus rien. Toutes les routes par