Page:Revue des Deux Mondes - 1881 - tome 44.djvu/433

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

points dont on devait s’emparer, car le maréchal avait indiqué pour Tlacotalpam seulement deux compagnies mexicaines, dont le premier homme n’était pas encore levé. En revanche, les difficultés augmentaient. On venait d’apprendre d’Alvarado que le général Garcia, dans le cas de l’expédition contre Tlacotalpam, comptait se retirer sur San-Andrès. Il avait affiché à la population l’ordre de reculer devant nous et l’avis que quiconque nous fournirait des vivres serait fusillé. Son projet, comme on l’avait présumé, était d’empêcher les communications entre Tlacotalpam et Alvarado. Le maréchal répondit par l’ordre pur et simple de faire l’expédition. Encore diminuait-il le nombre des troupes. Il annonçait, il est vrai, pour garder Tlacotalpam, le seul point dont il parlât, trois cents hommes d’infanterie mexicaine sous le colonel Camacho et deux cent cinquante cavaliers du colonel Figuerero. Il invitait le commandant Cloué, comme si la chose eût été la plus aisée du monde, à prendre des mesures pour éviter la désertion dans les troupes mexicaines, quand elles seraient en garnison à Tlacotalpam et à protéger ainsi qu’à ravitailler sûrement la vide avec les canonnières. Comme concession, il l’autorisait à régler comme il l’entendrait, et s’il le fallait absolument, les garnisons d’Alvarado et du Conejo, mais lui recommandait de n’y pas employer les troupes qui devaient concourir à l’expédition. Comme il n’y en avait pas d’autres, où prendre celles qui étaient nécessaires? On pouvait admettre dès lors que l’expédition de Tlacotalpam n’avait point, dans la pensée du maréchal, de portée sérieuse, et qu’il ne jouait en la faisant qu’une de ces hésitantes parties auxquelles on se croit forcé pour gagner du temps, mais pour lesquelles on désire faiblement, si même on ne les craint, les faveurs de la fortune. Il était également trop certain que les troupes mexicaines, une fois seules, seraient attaquées constamment et cernées, ne se procureraient des vivres pour les hommes et les chevaux que par la rivière d’Alvarado, sous la protection éventuelle de nos canonniers, qu’elles fondraient alors sous la désertion, et qu’une nouvelle évacuation s’ensuivrait.

Mais à la guerre il faut obéir, quelque opinion qu’on puisse avoir du résultat. Le 22 mars, le commandant Cloué partit de Vera-Cruz pour Tlacotalpam. Il avait avec lui la canonnière la Tempête, capitaine Gaude, armée d’un canon rayé de 30, deux rayés de 12, deux rayés de 4, un obusier de 12, la Pique, capitaine Lagrange, un canon rayé de 30, un canon de douze, deux de 4, deux mortiers de 0"",22, la Diligente, capitaine Renault, un canon rayé de 30, deux canons de 4, la Tactique, capitaine Rouault-Coligny, un canon de 30 rayé, un obusier de 30, un rayé de 12, deux canons de 4, la chaloupe à vapeur l’Augustine, capitaine de Fitz-James, un canon rayé de 4, la compagnie de débarquement du Magellan,