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LE ROLE
DES
VIGNES AMÉRICAINES

L’insuffisance des traitemens proposés jusqu’à ce jour pour défendre nos vignes françaises contre le phylloxéra est reconnue de tous ceux qui étudient la question sous toutes ses faces et ne ferment pas les yeux à l’évidence. Quelques-uns de ces traitemens, — inondations, sulfocarbonate, sulfure de carbone, — donnent de bons résultats quand on opère bien, et ceux qui doivent à une situation privilégiée de pouvoir en faire usage paraissent s’en contenter; mais le plus grand nombre ne saurait s’en servir, parce que le coût en est si élevé que le revenu de la plupart des vignes ne permet pas une aussi grande dépense.

On s’est senti désarmé; les progrès de la maladie sont devenus si menaçans, qu’on en est venu à demander le salut aux vignes américaines elles-mêmes. Nous leur devons le phylloxéra sans doute; mais aujourd’hui nous l’avons sans pouvoir le supprimer; ces cépages exotiques ne lui offrent pas un milieu plus favorable que nos vignes du pays, au contraire; le premier sarment qui a apporté l’insecte a fait le mal si grand que tout ce qu’on a pu en introduire ensuite ou tout ce qu’on en introduira à l’avenir dans les contrées déjà envahies n’y peut plus rien ajouter.

Parmi les espèces ou variétés qu’on désigne sous le nom collectif de vigne américaine, il en est un petit nombre qui paraissent opposer à leur parasite une résistance durable. Depuis des années, — dont le nombre n’est pas grand, il est vrai, — on les voit plus ou moins envahies par les insectes, mais ne montrant encore aucun signe d’affaiblissement. L’étude attentive de ces nouvelles plantes ne saurait être trop encouragée; elles peuvent offrir une ressource, et une ressource d’autant