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LES
ROYALISTES DU MIDI
SOUS LA RÉVOLUTION

I.
LA CONSPIRATION DE SAILLANS[1].

L’origine du complot dont nous allons faire revivre les péripéties remonte au mois d’août 1790. À cette époque, à la suite des massacres de Nîmes, dont l’écho se perdit dans le bruit des solennités commémoratives de la prise de la Bastille et des fêtes de la fédération, des gentilshommes et des prêtres du Gard, de la Lozère et de l’Ardèche conçurent le projet d’opposer une énergique résistance aux excès de la révolution. Sous le prétexte de renouveler le serment civique du 14 juillet, en réalité pour énumérer les forces dont ils pourraient assurer l’appui à la cause royale, ils convoquèrent dans la plaine de Jalès, au milieu des montagnes du Vivarais, toutes les gardes nationales de ces contrées. Vingt mille hommes environ répondirent à leur appel, s’engagèrent devant un autel dressé en plein air à défendre la nation, la loi, le roi et ne se séparèrent qu’après avoir bruyamment manifesté leurs sentimens royalistes et catholiques.

  1. D’après des publications contemporaines et des documens inédits conservés aux Archives nationales, aux Archives des affaires étrangères, au Dépôt de la guerre et aux archives des départemens du Gard, de l’Ardèche, de la Lozère et des Pyrénées-Orientales.