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de M. de Bonald, de M. Duplessis-Grenédan, le Constitutionnel, sous l’inspiration de Montlosier, annonçait l’organisation d’une association pour la défense des libertés gallicanes et du droit public des Français.

Aucune parole ne saurait peindre l’agitation grandissante des esprits, il faut lire les journaux de ce temps-là pour s’en rendre compte. On attendait avec anxiété le rapport de la commission dite des écoles secondaires ecclésiastiques.

Ce rapport, adressé au roi, parut le 28 mai. Malgré les protestations de Mgr de Quélen, parlant au nom de quatorze évêques, Charles X signa les deux ordonnances du 16 juin, dont l’une fut contre-signée par le garde des sceaux seulement et l’autre par Mgr Feutrier. La première soumettait au régime universitaire les écoles secondaires ecclésiastiques qui existaient à Aix, Billom, Bordeaux, Dôle, Forcalquier, Montmorillon, Saint-Acheul et Notre-Dame-d’Auray; elle excluait de l’enseignement ou de la direction dans une maison d’éducation quiconque n’affirmerait pas préalablement par écrit qu’il n’appartenait à aucune congrégation religieuse non autorisée. La deuxième ordonnance, non moins célèbre, organisait les petits séminaires proprement dits, en faisait des écoles exclusivement réservées aux élèves qui se destinaient au sacerdoce, prescrivait à quatorze ans le port du costume ecclésiastique, limitait à vingt mille le nombre des écoliers, et, comme dédommagement de cette limitation, accordait une somme de 1,200,000 francs pour des bourses.

La colère que ces ordonnances suscitèrent dans la presse religieuse fut tellement vive que le parti libéral crut avoir définitivement gagné la partie engagée. Montlosier pensait au contraire que ce n’était qu’un leurre. Il voulait adresser une nouvelle pétition aux chambres. M. de Barante l’en détourna, d’autant mieux que d’autres pétitionnaires, notamment un ancien membre de la compagnie de Jésus, qui en avait été renvoyé, l’abbé Martial Marcet de la Roche-Arnaud, avaient saisi la chambre des députés.

La protestation contre les ordonnances du 16 juin continua, quand vint la discussion du budget; mais le terrain se rétrécit de plus en plus en 1829, et quand éclata a révolution de juillet, les luttes religieuses prirent un tout autre caractère. Les survivans du gallicanisme se comptèrent alors, mais ils n’eurent plus leur ancienne influence, et ce fut sur des questions de liberté, et particulièrement dans le domaine de l’enseignement, que les éloquens champions de l’église portèrent désormais toute leur action.

Nous avons dit que Montlosier était convaincu qu’on déviait de la ligne qu’il avait tracée. Ses lettres témoignent de ses sentimens.