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Tamaulipas, ce qui eût produit le plus fâcheux effet et donné au juarisme une recrudescence de vitalité et de forces. C’était en effet le juarisme qui venait d’agiter le nord-est de l’empire, et pendant que Matamoros se défendait contre Negrete, Tampico et Tuspan avaient été non-seulement menacés de nouveau, mais sur le point de se prononcer. Papantla avait fait ses préparatifs habituels contre Tuspan, et la tentation de se prononcer pour s’approprier 5 millions de marchandises qui se trouvaient dans les entrepôts de Tancasnequi, près de Tampico, avait paru être fort vive pour les chefs mexicains de cette dernière ville. Le commerce de Tampico s’était alarmé, et notre consul avait demandé 150 hommes au commandant Cloué, parce que la barre devait être attaquée en même temps que la ville. De même que, dans l’intérieur, les gens tranquilles demandaient une garnison française pour les garder, il eût fallu un bâtiment pour chaque barre de chaque petit port. Hors de ces conditions, ceux qui se disaient pour nous ne répondaient de rien, ce qui, en les supposant sincères, n’était encourageant, ni pour eux, ni pour nous. Quoi qu’il en fût, le succès de Matamoros avait mis à néant les velléités de révolte sur le littoral.

Ce qu’il y avait de plus grave dans cette affaire de Matamoros, c’est qu’on y constatait les symptômes de la prochaine immixtion des Américains dans la question du Mexique. Les confédérés tenaient encore à Blownsville, et les fédéraux étaient a Brazos-Santiago. Il eût fallu pour prévenir ou du moins pour éloigner toute ingérence des gens du Mord, une extrême prudence que le général Mejia n’avait pas. Il était naturel qu’il penchât pour la cause du Sud, mais il avait le tort de s’y montrer favorable parafes actes. Soit qu’il ne fût pas très au courant des lois internationales, soit, ce qui était probable, qu’avec son caractère rusé, il feignît de ne les point connaître, il venait par une infraction flagrante à toute neutralité, de rendre trente déserteurs aux confédérés. Il entretenait aussi des relations fort suivies et fort imprudentes avec le colonel confédéré Slaughter, commandant à Brownsville, relations qui dans certains cas semblaient un calcul, sinon pour nous engager, du moins pour nous compromettre. Il avouait seulement une convention passée avec le colonel. Slaughter au sujet des voleurs et des assassins, mais il avait livré ses déserteurs et se faisait rendre les siens et même les nôtres. Malgré l’ordre du commandant de Briant, un sergent avait fait la sottise d’aller prendre sur la rive texienne des soldats que les confédérés avaient arrêtés. Le commandant Cloué avait formellement refusé de se faire cendre ainsi deux matelots. En revanche, le général Mejia ne voulait entretenir aucune relation avec l’autorité fédérale de Brazos. On ne se