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exportations, et toujours au-dessus en ce qui concerne les importations : on pourrait hardiment retrancher de celles-ci 30 pour 100, et ajouter 30 pour 100 à celles-là, et on serait plus près de la vérité. Nous sommes surpris que M. Magliani n’ait pas eu l’idée de contrôler les états des douanes, italiennes à l’aide des états si détaillés et si minutieux qui sont publiés à Londres et à Paris. Il est été cependant curieux de voir à quelles sommes l’Angleterre et la France ont évalué, chaque année, ce qu’elles ont acheté à l’Italie et ce qu’elles lui ont vendu. Cette étude eût sans doute conduit à des rectifications instructives. Prenons cependant les états de douanes italiens tels qu’ils sont, et voyons quels résultats ils accusent. Sur quinze années, il en est deux, 1871 et 1872, pendant lesquelles l’Italie a vendu en France beaucoup de blé, de viande, de denrées de toute nature, et pas suite de ces ventes, les exportations ont égalé et même dépassé les importations. En revanche, en 1879, l’Italie, pour combler le déficit d’une mauvaise récolte, a dû acheter beaucoup de grains à l’étranger. Écartons ces trois années, à cause des circonstances exceptionnelles, qui doivent les exclure de toute comparaison ; que voyons-nous pour les douze autres années ? L’excédent présumé des importations sur les exportations aurait été en moyenne de 12 ou 15 pour 100. Ce n’est point là un chiffre de nature à alarmer ceux qui partagent notre opinion sur l’exactitude des évaluations de la douane. Nous sommes loin de l’écart de 3 milliards qu’on prétend exister entre les importations et les exportations de l’Angleterre. Il est encore une autre remarque qui n’aurait point dû échapper à M. Magliani. Parties de 935 millions en 1865, les importations ont atteint leur chiffre maximum 1,327 millions en 1876 : depuis lors, elles sont toujours demeurées au-dessous de ce chiffre d’au moins 100 millions, même en 1879, malgré les achats de grains à l’étranger. Les importations de l’Italie ne se sont donc accrues que de 25 pour 100 pendant cette période de quinze années. Les exportations, au contraire, parties du chiffre modeste de 558 millions en 1865, ont atteint le milliard en 1871, sont arrivées à une moyenne de 1,100 millions dans les cinq années suivantes, et tendent à se rapprocher de 1,200 millions, chiffre qu’elles ont atteint et même dépassé en 1876. Ainsi, tandis que la progression des importations n’a été que de 25 pour 100, la progression des exportations a été de 50 pour 100 pendant la même période. Pour peu que les unes et les autres continuent à marcher du même pas, les exportations ne tarderont pas à l’emporter sensiblement sur les importations.

Nous sommes donc convaincus qu’en dépit des états de douane, la balance du commerce extérieur n’est point défavorable à l’Italie. Nous n’attachons qu’une médiocre importance aux calculs longs et