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fabrication et le renouvellement de la monnaie de papier. Voici donc 15 millions d’économies. M. Magliani présente, en même temps, un projet de loi destiné à régler les pensions à la charge de l’état, et comme il sera tenu compte, ajuste titre, dans la fixation du taux de ces pensions, de la plus-value résultant du paiement en espèces, le ministre attend de cette mesure une nouvelle réduction de dépenses qu’il évalue à 19 millions. Il disposera donc de 34 millions applicables à l’emprunt de 650 millions, qu’il compte contracter à 5 pour 100 : le service s’en trouvera donc assuré sans qu’il soit nécessaire de rien prélever sur l’excédent déjà réalisé des recettes sur les dépenses budgétaires, et surtout sans qu’on ait à faire entrer en ligne de compte les plus-values nouvelles qu’on est en droit d’espérer, puisqu’elles n’ont jamais manqué de se produire depuis douze ans.

M. Magliani estime donc que les charges nouvelles résultant de l’emprunt à contracter seront compensées par les dépenses auxquelles l’abolition du cours forcé mettra fin. Admettons que ces espérances soient trop optimistes, les 34 millions sur lesquels M. Magliani compte vinssent-ils à se réduire à 25 ou même à 20, le service de l’emprunt n’en sera pas moins largement assuré sans aucune atteinte à l’équilibre budgétaire ; il suffirait d’ajourner quelques dégrèvemens d’impôts. Il y a donc un point hors de discussion, c’est que le gouvernement italien est en mesure d’aborder cette délicate opération de la suppression du cours forcé ; l’état de ses finances et celui de son crédit lui assurent les moyens d’action nécessaires. Mais l’Italie est-elle aussi bien préparée que le gouvernement pour cette transformation de la circulation ? Il ne suffit pas en effet de ramener dans le pays, au moyen d’un emprunt contracté à l’étranger, une certaine quantité de métaux précieux : il faut que ces métaux y restent ; si les besoins du pays sont, ne fût-ce que momentanément, supérieurs à sa production, s’il lui faut faire de continuels achats à l’étranger et les payer autrement que par ses propres produits, les métaux précieux, à peine de retour, s’écouleront de nouveau par toutes les frontières comme l’eau à travers un crible : le numéraire épuisé, le pays sera contraint de revenir au papier-monnaie. Si telle était la situation de l’Italie, il serait inutile de tenter l’abolition du cours forcé. Sur cette seconde question, qui est le point décisif, l’exposé paraît ne rien laisser à désirer.

Il est cependant un fait qui embarrasse M. Magliani et qu’il faut tout d’abord éclaircir. Depuis 1865, ce qu’on est convenu d’appeler la balance du commerce a été presque constamment contre l’Italie, c’est-à-dire que les importations ont presque toujours été supérieures aux exportations. Si l’Italie n’a cessé d’acheter aux autres nations plus qu’elle ne leur a vendu, elle a dû s’appauvrir et