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métalliques, une valeur inférieure à celle qu’ils avaient par rapport an papier-monnaie : ils baisseront et, par une conséquence inéluctable, les salaires, les fermages, les loyers ne tarderont pas à se régler d’après le niveau des nouveaux prix. Il ne semble point que, dans aucun cas, les fabricans italiens puissent être sérieusement atteints dans leurs intérêts.

La partie la plus importante de l’exposé de M. Magliani s’adresse aux hommes politiques qui, tout en se déclarant favorables en principe à l’abolition du cours forcé, expriment la crainte que les circonstances ne soient pas encore assez favorables pour la tenter. La première question qui se présente à l’esprit est assurément celle de l’équilibre financier, il est bien évident, en effet, que si le gouvernement italien ne pouvait aligner ses recettes et ses dépenses que par des emprunts déguisés, il lui serait interdit de songer à aucune opération de finance importante. Pour tenter avec succès l’abolition du cours forcé, la condition la plus indispensable est que le public ait. une confiance entière dans les moyens dont le gouvernement dispose. On doit reconnaître que, sur ce point essentiel, les explications de M. Magliani sont tout à fait satisfaisantes, Les quinze dernières années ont complètement changé la face des finances italiennes. En 1866, un an après l’établissement du cours forcé, les recettes du budget italien ne s’élevaient qu’à 617 millions, tandis que les dépenses atteignirent 1,338 millions et demi ; mais c’était là la. conséquence de la guerre contre l’Autriche, et dès l’année suivante, les dépenses furent réduites dans une proportion sensible. Néanmoins les dépenses atteignirent encore 1 milliard 14 millions en 1868, tandis que les recettes, malgré l’annexion de, la Vénétie et des provinces pontificales, n’arrivèrent à 1 milliard qu’en 1871. Mais depuis 1868 jusqu’en 1880, les dépenses ne se sont élevées que de 1,014 millions à 1185, soit de 170 millions, tandis que les recettes ont suivi une marche ascensionnelle beaucoup plus rapide et sont montées dans la même période de 769 millions à 1,228, De cette progression des recettes est résulté non-seulement pour un exercice isolé, mais pour chacun des cinq derniers exercices, un excédent de ressources assez notable, ainsi que le prouvent les chiffres suivans.


1875 13,87,400
1876 20,446,073
1877 22,922,917
1878 14,546,200
1879 42,291,046

Pour être complètement, juste, il faut encore faire remarquer que le budget de ces derniers exercices comprend des dépenses