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LA
SITUATION ECONOMIQUE
DE L'ITALIE

Il est peu d’utopies aussi séduisantes que celle du papier-monnaie, et l’on s’explique aisément l’attrait irrésistible qu’elle a toujours eu, non-seulement pour des théoriciens, mais pour des hommes familiers avec les questions économiques et qui passaient, à bon droit, pour des esprits pratiques. Elle semble fondée sur la logique, et son application, si elle devenait possible, serait tout à fait favorable à l’intérêt général. Lorsqu’on trouve naturel qu’un simple citoyen obtienne crédit sur sa seule signature, et que le chiffon de papier au bas duquel il a mis son nom soit accepté et se transmette de main en main comme de l’argent, quelles raisons peut-on invoquer pour ne pas accepter la signature de l’état, qui est infiniment plus riche et doit inspirer plus de confiance ? Les motifs d’honneur et d’intérêt bien entendu qui commandent aux particuliers d’être fidèles à leurs engagemens ne s’imposent-ils pas avec bien plus de force à la collectivité des citoyens ? C’est donc par l’effet d’un pur préjugé que l’on refuserait au papier de l’état la confiance qu’on accorde au papier d’une banque ou même d’un simple commerçant. Quels avantages n’offrirait pas l’usage exclusif de ce signe monétaire ! L’emploi des espèces d’or et d’argent, comme celui des billets de banque et des effets de commerce, n’a pour résultat qu’un règlement provisoire des opérations