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bon usage des matériaux de guerre ; d’où résulte la nécessité d’avoir deux ordres de personnes : des constructeurs habiles, des conducteurs intelligens et expérimentés. La première catégorie comprend les ingénieurs maritimes ; la seconde est composée du personnel militaire. C’est d’ailleurs une illusion, ajoutait-il, de croire que les études du personnel militaire puissent se faire dans de courtes navigations, encore moins par des simulacres de manœuvres et d’opérations militaires faites avec des moyens qu’on n’emploiera pas en réalité. Il faut pour cette instruction de vrais armemens maritimes, qui sont réclamés par d’autres considérations. Telle est, par exemple, la nécessité d’avoir sous la main une force navale toujours prête pour une éventualité politique et des bâtimens qui courent des mers pour la protection des intérêts commerciaux. » Or, pour avoir de bons officiers, il faut d’abord former de bons élèves. Autrefois l’Italie avait deux écoles navales : l’école de la marine napolitaine, au palais de la Consulte, à Naples ; l’école de la marine sarcle, à Gênes. On les a remplacées par une académie navale à Livourne. Cette institution est divisée en deux sections : l’une consacrée aux études théoriques, l’autre plus spécialement destinée à former au métier de la mer les futurs officiers. On sait d’ailleurs que, dès l’année 1873, l’Italie faisait évoluer dans la Méditerranée une escadre permanente composée de bâtimens cuirassés et de quelques navires d’instruction. De plus, le gouvernement envoie jusque dans les mers lointaines des stationnaires pour la protection du commerce national.

La composition des équipages n’a pas été moins bien préparée. Le personnel militaire inférieur comprenait autrefois des services accessoires qu’on a supprimés. L’infanterie de marine n’existe plus, l’Italie n’ayant pas de colonies. La police dans les arsenaux est confiée aux équipages de ligne et aux gendarmes ou carabiniers. Les bureaux, dans les arrondissemens maritimes, étaient occupés par des employés civils. On les a réformés, et leur service a été réservé au commissariat. Il y avait à bord des aumôniers ; ils ont été supprimés. Le personnel maritime est donc désormais exclusivement militaire. Il comprend un amiral, des vice-amiraux, des contre-amiraux, des capitaines de vaisseau, des capitaines de frégate, des lieutenans et sous-lieutenans de vaisseau. Quant au génie maritime, il comporte des officiers ingénieurs et des officiers mécaniciens. L’ensemble des corps de la marine est complété par les officiers de santé et ceux du commissariat. Dégagée de tout parasite, la marine italienne est libre de ses mouvemens. Les levées en temps de guerre se feraient très promptement ; les embarquemens seraient effectués sans embarras, sans conflit d’autorité, sans incertitude. Les cadres sont prêts ; les chefs