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LE

SALON DE Mme NECKER

D’APRÈS DES DOCUMENS TIRÉS DES ARCHIVES DE COPPET.

VI[1].

LE CONTRÔLE GÉNÉRAL.


Peu d’hommes politiques ont connu au même degré que M. Necker, dans une carrière relativement courte, les alternatives de la faveur publique et de l’impopularité. « M. Necker a éprouvé, dit le baron de Gleichen dans ses Souvenirs, ce qui est toujours arrivé à ceux qui restaient modérés au milieu des enragés. » Au premier rang de ces enragés, et avant même les pamphlétaires de la révolution, il faut compter tous ceux qui ont tenu de près à ce qu’on appelait alors le parti de la cour. Aux yeux de Fersen, de Weber, du marquis de Ferrières, de l’auteur anonyme des Souvenirs d’un officier des gardes françaises, M. Necker est un traître ou tout au moins un ambitieux qui a déchaîné sur la France les maux de la révolution pour satisfaire son appétit du pouvoir. Bertrand-Molleville croit devoir se défendre du soupçon de partialité avant d’écrire « qu’à M. Necker incontestablement doivent être surtout attribués les malheurs de la révolution, mais que c’est sur le compte de sa vanité et de son ineptie, et non sur celui de sa méchanceté qu’on doit les mettre. » — Dans ce concours d’injures, la palme appartient cependant à Sénac de Meilhan, cet ancien intendant du Hainaut auquel on fait aujourd’hui une réputation de mérite un peu tardive, mais qui de son vivant courut inutilement le

  1. Voyez la Revue des 1er  janvier, 1er  mars, 1er  avril, 1er  juin et 1er  août.