de fait, aucune autre jusqu’ici ne pourrait invoquer de plus nombreuses, ni de plus fortes présomptions. Je n’en mentionnerai qu’une, pour ceux. qui savent la part de l’accident aux plus grandes découvertes, mais surtout aux découvertes maritimes. C’est que les courans des mers du Japon jettent fréquemment, à travers le Pacifique, jusque sur la côte américaine, les jonques japonaises : « De 1872 à 1876, 49 jonques ont été entraînées ainsi,.. 19 ont fait côte aux îles Aléoutiennes, 10 sur les rivages de la presqu’île d’Alaska, — ancienne Amérique russe, — 3 sur celles des États-Unis et deux aux îles Sandwich. » La démonstration n’est pas encore faite. En ce qui touche le fait que nous citons, on peut se demander si les courans ne se seraient pas déplacés depuis l’époque lointaine où l’on est obligé de remonter. Mais aussi ce n’est là qu’un fait entre beaucoup d’autres. Nous accorderions, par exemple, une grande importance aux traces de bouddhisme que semblent révéler les sculptures des anciens monumens des grandes cités d’Amérique. Et l’on parle encore de certaines analogies, au moins très curieuses, entre le peu que l’on sait des civilisations mexicaine ou péruvienne d’une part, et de l’autre le formalisme bien connu des civilisations asiatiques. Il est donc permis de conjecturer que, si la démonstration doit se faire, c’est dans ce sens qu’elle a présentement le plus de chances de se faire.
Il nous reste à dire deux mots des conclusions de M. de Nadaillac sur l’homme tertiaire et sur les origines de la vie. Elles sont aussi nettes que brèves : pour ce qui regarde l’existence de l’homme tertiaire, ou, comme on dit aujourd’hui, du « précurseur de l’homme, » M. de Nadaillac estime « que la preuve reste encore entièrement à faire. » Nous n’avons point à prendre parti, mais il nous semble que quiconque lira le chapitre où M. de Nadaillac discute la question se rangera sans peine à son avis. Nous l’avons dit et nous le répétons, il a du moins cet avantage sur les défenseurs de la thèse contraire qu’il ne met aucun intérêt de doctrine ou de système à vouloir ou ne vouloir pas qu’il y ait eu ou qu’il n’y ait pas eu d’homme tertiaire. Il paraît à de certains savans, anthropologues ou ethnographes, qu’ils auront fait une grande chose quanti ils auront prouvé l’existence de l’homme tertiaire ; ils auront prouvé que l’homme tertiaire existe : voilà tout. Ajoutons après cela que, dans ce moment même, la balance semblerait pencher de leur côté. C’est du moins ce que disait, il y a quelques jours, M. de Quatrefages en présentant à l’Académie des sciences le livre même de M. de Nadaillac.
On sait comment la question de l’homme tertiaire à son tour mène à la question de l’origine des espèces, et par conséquent de l’origine de la vie. S’il a existé un homme tertiaire, on veut qu’il ait été parent presque plus proche du singe que de l’homme : à force de longueur de