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Mourgoula à Bafoulabé. Les autres membres de l’expédition, réunis de nouveau à Bamako, franchirent le Niger et en redescendirent la rive droite vers Segou. On n’a plus eu de leurs nouvelles directes, mais d’après les rapports de quelques marchands noirs, Ahmadou les aurait fort bien reçus et les aurait installés à proximité de sa capitale.

Tel est le résumé de ce qui s’est fait pendant la première campagne de l’entreprise du chemin de fer du Sénégal au Niger. Celle de 1880-1881, qui vient de commencer, promet d’être plus fructueuse encore. Le 5 février dernier, l’amiral Jauréguiberry déposait à la chambre un projet de loi tendant à la construction immédiate de la ligne. Outre la section de Dakar à Saint-Louis, des compagnies particulières devaient construire celle de M’pal à Médine. L’état se chargeait de la section de Médine au Niger. La dépense qui lui incombait était évaluée à 54,183,800 francs. Le ministre de la marine proposait de répartir cette somme entre six exercices et demandait l’ouverture d’un premier crédit de 9 millions au budget des dépenses extraordinaires pour 1880. La commission du budget, mal préparée à un projet aussi grandiose, l’ajourna, tout en manifestant ses sympathies. Elle vota seulement 1,300,000 francs pour la continuation des études. Voici l’emploi qui a été assigné à cette somme : 24,000 fr. pour l’achèvement de la ligne télégraphique ; 300,000 fr. pour la création de nouveaux postes ; 350,000 fr. pour l’organisation et la solde de quatre nouvelles compagnies de tirailleurs indigènes ; 109,000 francs pour les approvisionnemens ; 100,000 francs pour le personnel des brigades topographiques ; 300,000 francs pour liquidation du compte de 1879 et 117,000 fr. pour frais divers.

Aujourd’hui, les quatre compagnies nouvelles de tirailleurs sont organisées, on a formé en outre une compagnie auxiliaire d’ouvriers d’artillerie blancs, qui fournira des surveillans pour les chantiers et des ouvriers pour les métiers inconnus des indigènes. Le colonel Borgnis-Desbordes, appelé au commandement des troupes et à la direction des travaux dans le Haut-Sénégal, châtiera, s’ils nous refusent satisfaction, les Bambarras du Bélédou, et assurera ainsi parmi les populations du Soudan le respect du nom français. Une brigade topographique, commandée par le commandant Derrieu et composée de huit officiers, s’est embarquée à Bordeaux, le 5 octobre, et est aujourd’hui dans le haut fleuve. Elle étudiera le pays entre Bafoulabé et le Niger, en fera la carte et reconnaîtra particulièrement les trois vallées du Bakhoy, du Baoulé et du Badingo, pour déterminer quelle est la plus praticable pour un chemin de fer. Le personnel et le matériel nécessaires pour la construction de trois nouveaux postes fortifiés sont en route. Ces postes seront établis à