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Les chefs notables et habitans du pays de Kita, voulant montrer leur vif désir de conserver et cimenter leur alliance avec les Français, alliance consacrée par le traité du 25 avril 1880, signé à Maka’ndianbougou par eux et par le représentant du gouverneur, cèdent à la France en toute propriété l’emplacement choisi pour y construire les établissemens jugés nécessaires pour que la France puisse remplir les engagemens qu’elle a contractés vis-à-vis du pays de Kita par le traité du 25 avril 1880.

Ils consentent à ce que les Français viennent, dès la plus prochaine saison sèche ou quand ils le voudront, construire sur cet emplacement un poste capable de maintenir pour toujours la paix dans tout le pays et sous la protection duquel se fera le commerce.

Ils s’engagent à fournir les travailleurs nécessaires pour la construction de ce poste et pour la route qui devra l’unir aux autres établissemens français les plus voisins. Ces travailleurs seront nourris par les Français et recevront pour chaque journée de travail une valeur de deux coudées de guinées en nature[1].


Déjà, dans la relation de son voyage à Segou, M. Mage disait de Maka’ndianbougou : « C’est un point important par sa situation même et par l’avenir qui l’attendrait, si jamais la civilisation envahit ce coin du globe ; sa position sur un plateau élevé, sain, riche en terres végétales, en bois de construction, adossé à une montagne qui forme une défense naturelle ; la facilité des cultures dans les plaines du nord, le riz de bambou qu’on récolte en grande quantité, le beurre de karité (beurre végétal), les bois de caïlcedras, sont des richesses naturelles qui ne feraient que croître par suite du double passage des caravanes de sel et de bestiaux qui se rendent de Nioro à Bouré et dont Kita est le lieu de passage obligé ; étant le point de départ de toutes les routes du Sénégal au Niger, il acquerrait une importance considérable comme place de commerce. » C’est surtout par sa salubrité que Kita pourrait rendre un jour de grands services. « Certes, dit de son côté, M. Brière de l’Isle, ce n’est pas pour rechercher un sanitarium qu’on a songé à marcher de Médine sur le Niger ; mais si, un jour, on pouvait envoyer en moins de quarante-huit heures des convalescens changer d’air à Kita, à une altitude de 5 à 600, peut-être de 800 mètres, et loin de la mer, ce qui a son importance pour la fièvre jaune, combien notre possession du Sénégal demanderait-elle de sacrifices d’hommes en moins à la France et quelle reconnaissance les familles ne devraient-elles pas aux promoteurs de l’œuvre ! » On voit de quelle importance sont les avantages que

  1. Deux coudées de guinées en France valent à peu près 62 centimes.