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En résumé, dans un temps où l’enseignement universitaire veut se développer et se diversifier en tous sens, pour répondre aux légitimes exigences d’un état social avide d’expansion et de progrès, on reconnaît toujours davantage dans l’agrégation, avec ses différentes branches, le tronc vigoureux qui rassemble et dirigée la sève commune. Le concours d’agrégation d’histoire recrute à la fois, et nécessairement, l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. Pour l’une et l’autre vocations, proposées à des jeunes gens qui le plus souvent s’ignorent, il a des épreuves communes, mais diverses. Ceux qui plus tard s’élèveront à l’enseignement supérieur et à la science trouvent une occasion particulière de se révéler dans celles des épreuves qui comportent une préparation de huit mois : il est utile qu’ils témoignent aussi d’un savoir général et de quelque habileté pédagogique. Ceux qui consacreront leurs efforts et leur vie à l’enseignement secondaire, peut-être sans jamais rien publier, seront heureux d’avoir témoigné au moins une fois qu’ils étaient capables de travaux personnels et de recherches spéciales. Aux uns comme aux autres, il faut le respect et la pratique des hautes études. La tâche des derniers est la plus délicate, puisqu’on leur demande, avec la charge d’un savoir considérable, la. pratique constante d’un choix habile et discret. L’extension nécessaire de l’enseignement de la géographie est venue ajouter à leur fardeau ; mais l’histoire des lettres et des arts va devenir, nous l’espérons, le domaine des professeurs de lettres : ils commencent à faire sur ce double sujet des leçons rédigées par les élèves, excellente innovation, qui comblera une regrettable lacune à laquelle les professeurs d’histoire ne pouvaient pourvoir qu’incomplètement. Les autres mesures récentes que nous avons énumérées vont d’ailleurs rendre plus générale et plus intense la préparation des jeunes maîtres, et l’enseignement en recueillera bientôt le profit. Rien de plus souhaitable que de voir se fortifier sans cesse d’énergiques et sévères concours, qui donnent à la jeunesse française tant de guides expérimentés, au pays et à l’université tant d’utiles serviteurs, et qui révèlent à eux-mêmes et mettent en lumière sur tous les points de notre territoire tant d’hommes de mérite ou de talent. Rien de plus à propos, rien de plus pressant, dans un pays de suffrage universel, que de veiller à la bonne discipline d’un enseignement très capable de contribuer à la rectitude du sens et de hâter la maturité des esprits.


A. GEFFROY.