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dans les facultés plutôt que dans les lycées que figure l’histoire ancienne avec une importance analogue à celle qui lui est attribuée dans le concours d’agrégation, nouvelle preuve que ce concours est fait aussi en vue de ce but élevé. Ce n’est pas uniquement au futur professeur des lycées que s’adresse l’épreuve de l’explication de textes comme le traité de Xénophon sur Athènes. Il ne sera jamais à propos d’enseigner en quelque détail aux enfans de quatrième les institutions de Rome républicaine et impériale ; la partie héroïque et narrative convient seule pour leur âge. De même dans les classes inférieures, il n’y aura lieu, sur l’histoire de l’ancienne Grèce et de l’ancien Orient, qu’à des récits empruntés d’Hérodote, de Xénophon, de Plutarque. Certes les découvertes de Botta et de Layard, de Mariette et de Schliemann seront mises utilement à profit, mais sous quelles conditions de modération et de réserve !

L’expérience paraît avoir consacré, pour l’enseignement de l’histoire dans les lycées, la méthode suivante[1] ; toute simple qu’elle est, elle demande beaucoup de prudence, de calcul et de mesure ; elle exige un éclectisme réglé à tout instant par une appréciation intelligente et sévère. Dicter aux élèves un sommaire aussi court, aussi précis, aussi logique que possible, contenant les principales indications historiques, chronologiques, littéraires, morales même, que comporte le sujet à traiter. Développer de vive voix ce sommaire en trois quarts d’heure au plus (c’est la mesure de l’attention presque pour tout auditoire) et en suivant exactement l’ordre une fois indiqué. Le professeur rendra un grand service aux élèves, il leur épargnera bien des efforts inutiles s’il exige qu’ils apprennent exactement chaque fois ces résumés, s’il les leur fait répéter sans cesse, en les abrégeant quand ils seront devenus trop nombreux, de telle manière qu’après quelques mois, après une ou plusieurs années, le souvenir général leur en soit prompt et facile. Son exposition devra être intéressante avant tout, c’est-à-dire tout au moins claire en même temps que substantielle et proportionnée à l’âge et aux facultés de ses auditeurs ; de la sorte elle ne sera pas seulement une leçon d’histoire, comportant un grand nombre de notions diverses et s’adressant à la curiosité d’esprit ; elle sera encore un persuasif exemple de bonne diction, c’est-à-dire d’ordre intellectuel et de simplicité logique, qui s’insinuera et laissera une durable empreinte. Si le professeur n’est pas intéressant, — et encore une fois on peut le devenir, à défaut d’une certaine facilité naturelle, par le bon arrangement des choses et la passion d’être

  1. Voir au XIVe volume du Bulletin administratif du ministère de l’instruction publique,.. page 307, le très intéressant Rapport général sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie, par MM. Levasseur et Himly.