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Secondaire, et par là il trouve la garantie si nécessaire d’une forte préparation classique » On a dit qu’à suivre trop longtemps de trop générales études, un temps précieux serait perdu, et de mauvaises habitudes scientifiques contractées. Il y a là une question d’âge et de mesure. Il est possible que, pour des études d’érudition toute spéciale exigeant une réelle pratique, indépendante de la maturité d’esprit, il faille de bonne heure creuser, à certaine distance du grand chemin, son étroit sillon ; mais il n’en saurait être ainsi des études qui ont un caractère : général : celles-là ne connaissent que les différences de degrés sur l’échelle commune. Tous les membres de nos écoles françaises d’Athènes et de Rome qui sortent, de l’École normale sont agrégés ; il n’est pas démontré qu’il leur eût été absolument, besoin d’une autre préparation pour devenir de bons épigraphistes, des hellénistes ou des archéologues distingués. On ne veut pas nier qu’un peu plus de préparation spéciale ne dût leur être fort utile ; mais ne pourrait-on pas en introduire la meilleure partie dans l’agrégation même, dans celle des lettres et dans celle de grammaire ? Cet appoint d’un peu d’érudition serait-il entièrement superflu pour leurs concurrens ? Serait-il si fâcheux qu’un futur professeur de rhétorique ou de seconde eût étudié l’épigraphie latine ou grecque et l’archéologie ? Ceux des membres de l’école française de Rome qui viennent de l’école des chartes ou de l’école des hautes études sont le plus souvent non agrégés ; on ne voit pas que leur préparation, quelque intense qu’elle ait pu être, eût été absolument empêchée par quelques études générales de plus. Il faut, en résumé, que l’idéal et la pratique des hautes études, élémens essentiels de l’enseignement supérieur, ne manquent, pas non plus à l’enseignement secondaire. On ne doit pas séparer deux carrières dont l’une resterait sans perspective et l’autre sans tradition.

Si ces calculs sont justes, les concours d’agrégation, en philosophie, en lettres, en histoire, doivent servir égarement à recruter l’enseignement, secondaire et l’enseignement supérieur. En réalité il en est. ainsi, et il ne peut en être autrement, car il est impossible d’interdire le passage du premier au second degré, ni de les disjoindre. Il s’ensuit que ces concours doivent avoir des épreuves un peu différentes entre elles, et se prêtant à la manifestation, des qualités diverses que réclament l’une et l’autre vocations. C’est ce qui arrive naturellement pour le concours d’histoire, si les règles constitutives en sont appliquées avec précision et justesse.

Il débute par quatre compositions écrites : il faut, en sept heures, traiter sans le secours d’aucune communication, d’aucune note, d’aucun livre, un sujet imprévu d’histoire ancienne, le lendemain un sujet d’histoire du moyen âge, puis un d’histoire moderne et