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résultats peu satisfaisans jusqu’à ce jour : l’obstination routinière de quelques professeurs en est la cause ; elle a excité de justes plaintes qu’il importe de faire cesser. » M. Royer-Collard se rassure promptement, il est vrai, mais par un motif qui ne paraît pas corriger suffisamment cet aveu d’impuissance : « La sagesse du roi, qui nous observe, dit-il, nous commande la sécurité. » — Cela n’empêchait pas que, dès l’année suivante, un arrêté de la commission, développant les programmes des collèges en ce qui concerne l’histoire et la géographie, confiait cet enseignement à un personnel spécial. Ce n’est toutefois qu’à partir de 1820 que toutes les classes, de la quatrième à la rhétorique, obtiennent des professeurs d’histoire, mais auxquels on ne demande pas encore de s’être présentés à un concours d’agrégation spécial : après la révolution de 1830 seulement on voit ce progrès s’accomplir.

Nulle pensée ne devait être plus conforme au mouvement des esprits. L’enseignement historique avait mission pour servir à la diffusion et à la défense de ces idées libérales qui venaient de triompher : il pouvait en montrer le progrès non interrompu même au sein de l’ancienne France, et y ajouter l’appui d’une longue tradition. L’essor des esprits prenait aussi un tour historique dans l’ordre des idées littéraires. Le théâtre, les arts, le droit, invoquaient l’histoire, et lui demandaient des ressources et des vues nouvelles. Il ne faut donc pas s’étonner si, en moins de quatre mois après juillet 1830, l’édifice du nouvel enseignement dans les établissemens de l’université apparaît construit de toutes pièces, sur ses bases définitives. Le remarquable arrêté qui, dès le mois d’octobre, règle le système des études à l’école normale, rentrée en possession de son vrai nom, témoigne à la fois, sur ce point particulier, de la fermeté de vue des premiers fondateurs et de leur prompt succès.

Ce plan d’études réserve une place très importante à l’histoire. En première année, révision des études du lycée, avec un cours d’histoire ancienne, « où le professeur, en rappelant les principaux événemens dans un ordre chronologique, insistera particulièrement sur les institutions, les mœurs et les usages, la religion, les arts et, en général, les antiquités des peuples. » Dans la seconde année, libre de tout examen ou concours, apte par là même à représenter ce que doit offrir d’original l’enseignement de l’École, toutes les études sont tournées du côté de la culture historique ; au cours d’histoire moderne et du moyen âge s’ajoutent un cours d’histoire de la littérature grecque, un d’histoire de la littérature latine, un d’histoire de la littérature française, un d’histoire de la philosophie, conception qui est évidemment un fidèle reflet des préoccupations générales. Du même mois d’octobre 1830 date l’institution de deux professeurs d’histoire dans chacun des collèges royaux, suivie trois