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QUESTIONS SCOLAIRES

DE L'ENSEIGNEMENT DE L'HISTOIRE DANS L'UNIVERSITE

L’opinion s’intéresse si vivement de nos jours aux questions d’instruction publique, elle en est si justement respectueuse, que nous ne devons pas craindre de la prendre pour témoin et pour juge de nos préoccupations et de nos pratiques professionnelles au sujet des principaux problèmes que présente l’enseignement universitaire. A la confiance du pays nous avons le devoir de répondre en témoignant de notre sollicitude incessante à surveiller et à perfectionner nos méthodes, sur lesquelles nous appelons l’examen. L’histoire, en particulier, avec la géographie son annexe, réclame dans nos lycées une place toujours plus importante, et de récentes mesures prises par l’administration supérieure tendent à la lui assurer. C’est l’enseignement peut-être le plus populaire dans nos classes, et en même temps le plus redouté, car il peut, selon qu’il est présenté bien ou mal, ouvrir et fortifier les esprits ou bien les charger et les accabler. L’étude de l’histoire peut et doit être pour les jeunes gens un apprentissage de droite raison, une sorte d’expérience avant l’âge, et dans quel temps en ont-ils jamais eu plus besoin ? L’étude de la géographie doit les armer d’une instruction positive et pratique. Chacune des deux sciences peut beaucoup pour le développement de quelques-unes des plus précieuses facultés ; mais ces heureux résultats ne peuvent être obtenus qu’au prix de méthodes habiles aux mains de professeurs infiniment attentifs, ayant la conscience du but suprême et l’intelligente disposition des moyens. À ces maîtres en expérience et en bon sens, il faut un bon sens exquis, un rare esprit de mesure et de discrétion, une science sûre d’elle-même, capable de se modérer et de