« Saint-Pétersbourg, 25 décembre 1863[1].
« Je m’empresse de vous informer, mon cher prince, que jusqu’ici le succès dépasse mon attente. Tous nos travaux sont acceptés. L’entretien a duré plus de deux heures. Je ne dois pas oublier de mentionner que, dès le début, il a été question de vous deux, et cela, avec sympathie et bienveillance. L’Empereur a appris avec regret que Samarine était souffrant et avait des projets de voyage. Je suis chargé de vous transmettre à tous deux le désir de vous voir ici bientôt après, les fêtes[2].
« Après ce préambule, nous avons abordé la lecture du travail, lecture entrecoupée d’explications verbales. Outre le doklad (rapport) » j’ai lu les parties essentielles des Commentaires (mémoires explicatifs). Le reste du temps, s’est passé en conversation. L’empereur a exprimé le désir de lire le tout, à loisir, de sorte que les documens sont restés dans le cabinet impérial, d’où ils ne seront, pas transmis au ministère de Pologne[3].
« Sur les points, essentiels, il n’y a pas eu ombre de divergence et encore moins de désaccord. Puis nous avons passé à l’ordre à suivre pour la procédure officielle. Il a été décidé de constituer à cet effet un comité spécial sous la présidence du prince Paul Gagarine, comité composé du prince Dolgorouky, de Tcheikine, Zélénoï, Valouief, Reutern, Platonof, Artsémovitch, vous, et moi[4] ; secrétaire Joukovsky.
« Toutes les questions de personnes ont été résolues simplement, franchement avec une parfaite confiance. L’ordre du, jour pour la formation de ce comité a déjà été communiqué au prince Gagarine… Le prince. Gortchakof sera invité aux séances spéciales (il y en aura une pour commencer ces jours-ci). On doit y lire le compte-rendu, mais l’examen du projet ne commencera que plus tard.
« Tout cela vous prouve que vous ne devez pas vous attarder à Moscou. De grâce, revenez. au plus vite. Après avoir tant fait, vous ne voudriez pas m’abandonner au moment, décisif. L’opposition,
- ↑ De cette lettre je n’ai en ce moment entre les mains qu’une traduction dont je crois pouvoir garantir l’exactitude pour le fond, si ce n’est peut-être dans tous les détails.
- ↑ Les fêtes de Noël et de la nouvelle année.
- ↑ Milutine et ses amis n’avaient aucune confiance dans le chef de ce ministère, M. Platonof, qui avait épousé une Polonaise.
- ↑ Tous ces personnages, sauf Tcherkasski, Milutine et Artsémovich, étaient alors ministres.