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LE
DRAME MACEDONIEN

III.[1]
LE SIÈGE DE TYR


I

La monarchie des Perses était fort ébranlée déjà quand Alexandre traversa l’Hellespont. On y comptait des rois à demi indépendans et des satrapes qui aspiraient à le devenir tout à fait. La bataille d’Issus porta le dernier coup aux fidélités douteuses ; les mercenaires grecs eux-mêmes songèrent à se tailler des royaumes dans cet empire qu’ils n’avaient pu défendre. Amyntas, fils d’Antiochus, Thymodès, fils de Mentor, Aristodème de Phères, Bianor d’Acarnanie, échappés au massacre avec 8,000 hontioies, se réunissent au port de Tripoli sur la côte phénicienne. Là se trouvait à sec une partie de la flotte revenue de Lesbos. On met à flot le nombre de bâtimens dont on a besoin, on brûle le reste, et les 8,000 hommes passent dans l’île de Chypre. Ce n’est qu’un canal de 30 lieues à traverser. De Chypre la troupe d’aventuriers reprend bientôt la mer ; elle franchit cette fois la distance qui sépare la rade d’Amathonte du delta égyptien, — 190 milles. — En quelques jours, elle s’est rendue maîtresse de la terre des Pharaons. Les conquêtes trop faciles sont souvent des conquêtes éphémères ; pour conserver

  1. Voyez la Revue du 1er septembre et du 15 octobre.