Paris par le côté le plus vulnérable. Quelques jours après, toutes les enseignes suisses étaient réunies à Saint-Germain, et le régiment se trouva au grand complet.
Condé avait continué ses opérations sur la rive gauche du fleuve : les huguenots s’étaient un moment avancés à Montrouge, à Arcueil, et menaçaient déjà les faubourgs de la capitale, quand la mort du roi de Navarre vint donner un tour nouveau aux affaires. Condé était désormais le premier prince du sang. La reine mère lui fit de nouvelles ouvertures ; mais les conférences n’eurent aucun résultat ; Guise voulait seulement gagner du temps pour rallier toutes les forces royales, Condé était obligé de compter avec Coligny et avec les ministres, et la trahison de Genlis, un des siens qui quitta l’écharpe blanche, lui rendit la modération plus difficile. Les Parisiens, un moment livrés à la terreur, s’étaient vite habitués au siège, et leur insolence s’amusait déjà aux dépens de Condé : « Il prend Paris pour Corbeil. » Déjà Montpensier avait jeté des troupes gasconnes dans Paris, et Guise s’apprêtait à faire des sorties.
Le 10 décembre au matin, Condé leva le siège et partit à petites journées pour la Beauce. Qu’allait-il faire ? L’avis de Coligny était qu’on allât en Normandie et qu’on cherchât à donner la main aux Anglais. Le duc d’Aumale, dans son Histoire des princes de Condé, dit que Condé proposa une résolution hardie. Les catholiques étaient sortis de Paris pour poursuivre les protestans. Ils étaient déjà à Étampes quand ceux-ci s’étaient arrêtés un moment à huit lieues de Chartres, à Saint-Arnoult. « Le prince voulait renforcer la garnison de cette place dans l’espoir qu’ils l’assiégeraient et qu’elle les arrêterait quelques jours ; en même temps, il aurait marché sur Paris, vide de troupes, avec les siennes, se serait emparé des faubourgs de la rive gauche et s’y serait fortement logé. » Il espérait forcer ainsi l’armée royale à repasser la Seine, et il pensait, à la faveur de la terreur inspirée par son audace, forcer la reine à lui accorder une bonne paix.
Ce projet qui, suivant le duc d’Aumale, « n’était pas sans quelques chances de succès, » fut combattu par l’amiral. Condé consentit à suivre l’avis de Coligny, et l’on poussa rapidement vers la rivière d’Eure. Dans la nuit du 18 décembre, Condé avait son camp sur la rive droite de cette rivière à Ormoy ; l’amiral était à Néron. Le connétable de Montmorency n’avait pas deviné d’abord si Condé voulait reprendre le chemin d’Orléans ou s’en aller en Normandie, mais quand le mouvement des protestans se fut dessiné, il se prépara à leur disputer le passage. Les rapports suisses nous montrent le connétable en route le 13 décembre avec le régiment suisse, fort en ce moment de vingt-deux enseignes (environ six mille six