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lansquenets ; enfin quatre mille Espagnols étaient partis de la Navarre, et un nombre égal de Gascons devait bientôt renforcer l’armée royale.

Le 26 Juillet, les Suisses rencontrèrent, à peu de distance de Chartres, le roi de Navarre, qui allait rejoindre le roi de France dans cette ville : le lendemain, ils joignirent Guise et d’Elbœuf, avec un grand nombre de cavaliers et ils arrivèrent avec eux à Blois le dernier jour du mois. Ils y furent très bien reçus par le connétable, que la prise du château de Poitiers avait mis de fort belle humeur, et l’on apprit bientôt que Saint-André et Villars avaient pris la ville même de Poitiers, et s’étaient ainsi assurés de la clé de tout le Midi. Le connétable raconta à Fröhlich les excès commis par les protestans à Blois et ailleurs, le bris des statues et des images, des crucifix, les tombes violées, les squelettes mis en pièces, les ossemens brûlés. Le farouche soldat pleurait en parlant de l’outrage fait aux tombes de ses plus proches parens.

La reine mère et le roi Charles IX arrivèrent au quartier-général de Blois le 12 août, avec le cardinal de Bourbon et le légat ; le même jour le rhingrave, amena son régiment de lansquenets. Avant d’attaquer Orléans, l’armée royale voulut isoler cette ville au sud et entreprit le siège de Bourges. Six enseignes suisses restèrent à Blois, et le reste du régiment se rendit devant Bourges avec le connétable ; le siège fut conduit assez mollement, et les huguenots, commandés par Hangest d’Ivoi, ne durent ouvrir les portes le 31 août que parce qu’ils n’avaient plus de poudre. Ferait-on tout de suite le siège d’Orléans, ou marcherait-on d’abord en Normandie pour séparer les huguenots des secours qu’ils attendaient de l’Angleterre ? On se résolut à ce dernier parti, pour des raisons plutôt politiques que militaires. La reine mère cherchait à isoler le prince de Condé, elle aimait mieux l’amener à la paix que l’accabler tout à fait et redoutait presque autant de le perdre que de le voir triompher.

Le 11 septembre, l’armée royale leva le camp de Bourges ; Fröhlich, à son grand regret, fut contraint de laisser, six de ses enseignes en détachement à Beaugency, avec le reste de son régiment, il suivit l’armée royale à Montargis, à Étampes, à Houdan et devant Rouen (29 septembre). Après un siège de six jours, le fort Sainte-Catherine fut pris d’assaut par une colonne composée de royaux et de Suisses. Le 10 octobre, les enseignes demeurées à Beaugency rejoignirent le régiment : l’investissement de Rouen devient assez étroit, et l’on mit quarante canons en batterie sur la ville. L’armée de siège comptait environ seize mille hommes : les Suisses étaient établis sur la montagne Sainte-Catherine ; ils ne perdirent que fort peu de monde et ne prirent point de part à l’assaut final.