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demanderait, des gens de pied suisses : huit cantons s’obligeaient à fournir des gens de pied contre tous indifféremment ; cinq cantons ne s’engageraient à les fournir au roi da France que pour la défense de ses propres états. En 1521, la « paix, perpétuelle » fut complétée par un traité dont les articles sont devenus la base de tous les rapports entre la France et les cantons. Ce traité permettait au roi de France, quand il était attaqué, par un ennemi quelconque dans son royaume, dans le duché de Milan, dans la principauté de Gênes où n’importe ailleurs, d’un côté ou de l’autre des Alpes, de lever et prendre à sa solde des hommes de pied dans les cantons, au nombre d’au moins six mille, et de seize mille au plus. Ces hommes de pied devaient servir pendant la durée de la guerre ou aussi longtemps qu’il plairait au roi et ne pouvaient être rappelés par les cantons, à moins que ceux-ci n’eussent eux-mêmes une guerre à soutenir. Si le roi entrait lui-même, en campagne, il pouvait lever autant d’hommes qu’il lui plaisait, à la condition, de ne choisir les chefs que dans les treize cantons de la ligue et de ne pas séparer les officiers et les soldats du même canton pendant la durée des hostilités (en temps de paix, cette faculté lui était laissée) ». Les Suisses ne devaient servir que sur terre, le roi ne devait prendre aucun Suisse dans son armée propre, et ne devait faire entrer aucun Français dans les régimens suisses. Les autres articles, réglaient les détails de la solde et élevaient d’un tiers la somme que le roi de France payait perpétuellement aux cantons.

Le traité d’alliance fut renouvelé en 1549 avec Henri II ; en 1564, avec Charles IX. Dans le dernier traité, il y a un article relatif à la solde de bataille ou solde d’honneur. Il fut entendu qu’il serait payé aux Suisses, après une bataille rangée, un supplément de solde qui fut convenu. Outre ces traités généraux faits avec les ligues, il y eut des conventions particulières, qui portent dans l’histoire diplomatique le nom de capitulations et dont les plus importantes furent signées en 1553, en 1554. et en 1556.

L’alliance militaire contractée par les cantons avec la France n’avait rien qui put contrarier les sentimens des Suisses : on avait réservé aux régimens des cantons une sorte d’individualité dont ils étaient fort jaloux. Discipline, règlemens, hiérarchie, armement, ordre de bataille, tout leur appartenait en propre. Ils constituaient une sorte de petite armée populaire, démocratique, destinée à lutter contre la cavalerie ; mais le principe aristocratique dominait toute leur organisation, en ce sens que le commandement y était réservé à des familles pour qui le métier des armes était devenu une tradition et une sorte de noblesse. On retrouve toujours les mêmes noms dans les cadres supérieurs. Sous le règne da Louis XI,