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d’état en disponibilité, sur lequel, aux heures d’embarras, on pouvait d’un moment à l’autre jeter les yeux pour les besognes les plus diverses et les moins aisées. L’empereur s’était réconcilié à l’idée de recourir de nouveau aux services de Milutine, quoique les anciennes préventions entretenues par les gens de cour n’eussent pas tout à fait disparu. On le voit par une lettre du ministre de l’instruction publique :


Lettre de M. G. à N. Milutine.


« 15/27 septembre 1862.

« Il y a de cela un mois, j’ai écrit au grand-duc, à Varsovie, le priant de rappeler à Sa Majesté le projet de votre voyage à Pétersbourg et de votre nomination au conseil de l’empire, mais jusqu’à présent je n’ai pas reçu de réponse. D. A. m’a dit qu’il refusait positivement de prendre à ce sujet l’initiative auprès de l’empereur. Or aujourd’hui je présentais à Sa Majesté les trois premiers comptes-rendus du comité du ministère de l’instruction publique pour l’étude du nouveau statut universitaire (cette affaire est traitée dans un comité conformément à la marche suivie dans la commission de rédaction pour les affaires des paysans). J’ai dit à l’empereur qu’il serait très important pour moi d’avoir votre opinion sur cette question ; que je demandais l’autorisation de vous communiquer notre projet et que je regrettais que votre absence me privât de la possibilité d’en parler avec vous, ce qui pour l’affaire serait fort utile. L’empereur m’a donné son consentement et demandé quand vous deviez revenir. J’ai répondu que je ne le savais point, mais que, vous connaissant depuis longtemps et connaissant votre délicatesse, je supposais que vous étiez prêt à exécuter les ordres de Sa Majesté, mais que vous craigniez sans doute de vous mettre en avant et d’avoir l’air d’imposer vos services. J’ai ajouté qu’on vous accusait de libéralisme (sur quoi il m’a été répondu : « Oui »), mais que ce libéralisme consistait à désirer l’émancipation des paysans, rêve qui, ainsi que la suite l’avait montré, était fort conservateur. L’empereur m’a répondu qu’au printemps il vous avait fait venir pour la Pologne, et que, ce projet ayant été abandonné, il vous avait permis de rester à l’étranger aussi longtemps que cela serait nécessaire pour votre rétablissement. Il a ajouté qu’il me chargeait maintenant de vous demander quand vous pourriez revenir. J’ai transmis immédiatement cette nouvelle à D. A. — I. F. vous dira que son opinion, comme celle de D. A. est que vous