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REVUE LITTÉRAIRE

LES MYSTÈRES AU MOYEN ÂGE

Les Mystères, par M. L. Petit de Julleville, maître de conférences de langue et de littérature françaises à l’École normale supérieure ; 2 vol. in-8o ; Paris, 1880 ; Hachette.

Il n’est vraiment pas malheureux que, de loin en loin, quelque livre vienne rappeler aux lecteurs qu’il existe encore en France, — et même à Paris, — des maîtres officiellement chargés de l’enseignement de la littérature française. Car, avouez qu’on ne s’en douterait guère. Beati pacifici ! je ne sache rien de plus modeste qu’un professeur de littérature française, et si le bonheur consiste à faire peu parler de soi, c’est chez nos professeurs de la littérature française, assurément, que le bonheur de l’Université de France est tout entier retiré. Je veux croire que du haut de leur chaire ils donnent à leurs auditeurs, et le plus consciencieux, et le plus substantiel, et le plus neuf enseignement. Mais le public n’en sait rien, puisque après tout rien n’en transpire, et qu’en vain prêtons-nous l’oreille aux échos de Sorbonne ou parcourons-nous des yeux les catalogues de librairie, ni le retentissement de leur éloquence ne se prolonge jusqu’à nous, ni leurs livres ne nous apportent le muet témoignage de la nouveauté de leurs recherches ou de la solidité de leur enseignement. C’est fâcheux. On ne demande pas des Villemain, des Saint-Marc Girardin ou des Nisard, mais on voudrait du moins qu’un professeur de littérature française, en France, n’oubliât pas qu’il est comptable de ses talens, s’il en a, de ses travaux, s’il en fait, au grand