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Les monoplégies brachiales et crurales sont plus fréquentes. Tantôt un seul membre est atteint, soit le bras, soit les jambes ; d’autres fois, tous deux le sont, mais successivement, par suite de l’extension de la lésion de l’un à l’autre centre, qui sont très rapprochés. Dans ces cas, il y a plutôt une lésion à marche lente et envahissante ; à l’autopsie, l’on peut souvent apprécier les différences d’âge des points extrêmes du mal. Non loin des centres brachial et crural se trouve le centre facial qui préside aux mouvemens des muscles de la face. Ce centre peut, à l’exemple des précédens, être atteint isolément ou simultanément avec l’un d’eux. Tantôt l’invasion est brusque, tantôt elle est lente et progressive et débute par un affaiblissement au lieu d’une paralysie : cela dépend de la nature de la lésion. La proximité des centres brachial et facial peut servir à expliquer la solidarité qui paraît exister entre eux, à l’état normal, et qui se manifeste par des grimaces diverses accompagnant souvent les efforts vigoureux des bras ; il semblerait qu’il y eût excitation du second centre par l’activité considérable imprimée au premier. Pour clore cette énumération des centres dont la clinique établit l’existence, citons le centre du langage articulé, découvert par Broca depuis longtemps déjà et qui préside à la coordination des mouvemens phonateurs.

Nous avons vu que les lésions des régions motrices du cerveau peuvent se manifester par des spasmes aussi bien que par des paralysies. Ces monospasmes sont connus depuis longtemps : c’est à Hughlings-Jackson que revient l’incontestable mérite d’avoir, le premier, attribué ces spasmes à des lésions occupant des régions motrices. Bravais, avant lui, les avait fort bien décrits, mais sans chercher à en pénétrer l’origine ni la signification, qui en font tout l’intérêt. Ils consistent en convulsions localisées, en une sorte d’épilepsie partielle, que Hughlings-Jackson attribue à une tension nerveuse considérable : de temps à autre, par suite de l’influence d’excitations nouvelles ajoutées à celles qui ont été emmagasinées antérieurement, il se produirait une décharge, d’où le spasme. De même que les monoplégies, les monospasmes peuvent être limités à un bras, à une jambe, à la face. Les observations en sont encore rares : il y a si peu de temps qu’on s’en occupe. D’autres fois le spasme occupe plusieurs parties du corps ; mais dans ce cas il débute toujours par le même point, pour suivre un ordre toujours identique. Il en a été fait une très intéressante étude par le docteur D. Maragliano, qui a bien étudié et expliqué les causes et la signification de ces épilepsies partielles. Ajoutons que les monospasmes et les monoplégies. indiquent les mêmes localisations motrices.

La pathologie possède donc, d’ores et déjà, des documens sérieux