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liquide possible. L’expérience étant disposée, on porte l’excitateur sur les diverses circonvolutions, et l’on reconnaît l’existence d’une zone motrice, par tâtonnemens successifs, puis celle d’une zone dont l’électrisation paraît éveiller en l’animal des signes de sensations, ou zone sensitive. Quant à la région intellectuelle, l’électrisation ne nous fournit pas de données positives.

Afin de nous rendre compte du rôle de l’électrisation en tant qu’excitant de la substance grise des circonvolutions, voyons ce qui se passe lorsqu’on irrite la région dite motrice, par exemple. Ce qui sera vrai de celle-ci le sera des autres, mutatis mutandis.

Excitons tel ou tel point des circonvolutions motrices : il se produit un mouvement. En tâtonnant, on arrive à délimiter une zone de quelques millimètres d’étendue, dont tous les points paraissent jouir de la propriété de provoquer un même mouvement, A côté de cette zone, l’on en peut délimiter d’autres, de la même façon, présidant à d’autres mouvemens. L’on observe en procédant ainsi qu’une seule zone préside à tel mouvement, et à celui-là seulement, et qu’en outre, cette propriété appartient surtout au centre de la zone en question : les excitations portées sur sa périphérie produisent parfois un léger mouvement supplémentaire, appartenant à la zone voisine. C’est dire que les zones spéciales, ou centres d’innervation motrice des parties du corps où il se produit des déplacemens, sont très voisines, et que nos moyens d’électrisation ne sont pas assez parfaits pour empêcher une légère diffusion du courant dans les régions voisines, diffusion qui suffit à les exciter légèrement. Donc, pour observer des effets nets, précis, il faut exciter le centre des zones spéciales, sans quoi il s’en produit d’autres relevant d’une zone voisine.

Après avoir constaté que l’électrisation d’un centre, c’est le nom qu’on donne aux zones spéciales, était invariablement suivie d’un même mouvement, on en a conclu que le centre en question était préposé à la production de ce mouvement ; et comme un grand nombre de ces centres se trouvaient situés à côté les uns des autres, présidant à la majorité des mouvemens du corps, on a conclu à l’existence d’une région motrice dans le cerveau, région d’où partiraient toutes les incitations volontaires à l’adresse des corps. Mais une objection surgit. Vous prouvez, n’est-il pas vrai, qu’un courant électrique passe aux points que vous considérez comme excités ? Fort bien ! mais l’on peut prouver aussi que le courant en question ne s’en tient pas là et qu’il diffuse sur les surfaces voisines : le galvanomètre l’indique. Dès lors, de quel droit affirmer que le mouvement observé lors de l’électrisation de tel ou tel centre est dû à cette excitation, puisque les centres voisins sont également excités ?