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conformations cérébrales, les régions homologues, et surtout, de manifester d’une manière frappante l’inégalité de l’importance relative des fonctions des masses centrales, régions à fonctions automatiques, et des masses périphériques ou circonvolutions, régions à fonctions volontaires, selon les animaux. On peut difficilement opérer sur l’homme ; les cas sont rares où l’on rencontre un sujet privé par un accident ou une maladie de la voûte crânienne, et même dans ces cas on a quelques scrupules à expérimenter sur son semblable. Cela a cependant été fait, sans préjudice pour le patient infailliblement condamné d’ailleurs, par un physiologiste américain, Bartholow, qui a obtenu des résultats confirmatifs de la théorie de M. Ferrier.

Le grand avantage de la méthode expérimentale, c’est qu’on peut répéter ces expériences indéfiniment sur une foule d’animaux, en variant les conditions et la mode de l’expérience : l’opérateur choisit son terrain et son moment ; les lésions sont mieux circonscrites, l’autopsie peut être faite comme l’on veut. Mais, d’autre part, le type cérébral de l’animal n’est pas celui de l’homme, l’animal ne peut rendre compte de ce qu’il éprouve, et il le faut deviner lorsqu’on opère sur les régions sensitives ou intellectuelles ; enfin les opérations préliminaires peuvent provoquer des troubles généraux de nature à masquer les phénomènes qu’il s’agit d’analyser. Pour être juste, ajoutons que, malgré ces désavantages, la méthode expérimentale jouit d’une faveur méritée et qu’il y a lieu de lui demander encore bien des solutions ; elle nous les fournira si nous savons nous y prendre : le tout est de bien observer, ce qui n’est pas facile, nous l’accordons sans peine.

Les procédés expérimentaux sont assez nombreux : cependant on peut les ramener tous à deux catégories, selon l’effet qu’ils produisent sur le fonctionnement des circonvolutions. Les uns déterminent une suractivité fonctionnelle : ce sont les lésions irritantes ; les autres au contraire paralysent l’action normale : ce sont les lésions paralysantes. Appliquées aux régions motrice, sensitive et intellectuelle, les premières provoquent des spasmes, des sensations subjectives, du délire ; les dernières, des paralysies, des anesthésies et de l’affaiblissement mental. Il n’est pas rare de voir une lésion provoquer au début les symptômes d’une irritation, pour aboutir ensuite à des symptômes paralytiques, et réciproquement ; cela peut avoir lieu pour la plupart des lésions expérimentales, quel que soit le terrain sur lequel elles portent ; d’ailleurs, en clinique, le cas est fréquent. Aussi, la division des lésions en deux grandes classes doit-elle plutôt s’appliquer en ayant égard à leur résultat immédiat seulement, sans tenir compte des effets ultérieurs possibles.