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aussi sa récompense par la présentation d’un bill sur les inhumations. Aucune question ne tenait plus au cœur des ministres dissidens ; chaque année la ramenait devant le parlement sous la forme de motions individuelles, et l’opposition de l’épiscopat anglican l’empêchait seule de recevoir une solution favorable. Dans la plupart des paroisses rurales, l’église, le cimetière et le presbytère se tiennent et sont, au même titre, en vertu des mêmes donations, la propriété de l’église anglicane. Les dissidens ont des chapelles particulières, mais ils n’ont point de cimetière, et leurs morts sont inhumés dans le cimetière paroissial. Le pasteur anglican s’offrait à célébrer l’office des morts ou à s’abstenir si, par scrupule de conscience, les parens du défunt refusaient son ministère ; mais il revendiquait pour lui seul le droit d’officier dans un cimetière consacré par son église et confié à sa garde. Le cabinet de lord Beaconsfield avait cru mettre un terme à cette querelle en faisant voter, dans la session de 1879, un bill qui autorise les administrations locales à acquérir et à ouvrir des cimetières où les ministres de tous les cultes peuvent officier ; mais cette concession était jugée insuffisante par les ministres dissidens. Ceux-ci continuaient à signaler comme une injustice l’obligation où la loi plaçait les familles de leurs adhérens de se résigner à des inhumations silencieuses et sans prières, ou de renoncer à faire enterrer leurs morts à côté des parens qui les avaient précédés dans la tombe. C’était au nom des familles qu’ils réclamaient le droit d’officier et de prêcher dans les cimetières anglicans. Le discours royal leur promettait cette satisfaction.

Un bill qui avait pour objet de permettre la destruction des lièvres et des lapins et d’arrêter les dégâts que ces animaux causent aux récoltes avait été évidemment inspiré par la pensée de concilier au gouvernement les sympathies des fermiers, en faisant disparaître un de leurs griefs contre le régime de la propriété foncière. C’était un premier adoucissement à la rigueur de la législation sur la chasse.

Une mesure à laquelle les associations ouvrières attachaient la plus grande importance complétait le programme ministériel en matière de législation : c’était un bill destiné à déterminer la responsabilité des patrons et particulièrement des entrepreneurs vis-à-vis des ouvriers blessés ou estropiés dans l’exécution d’un travail. Cette question avait occupé le parlement pendant les sessions de 1878 et de 1879, sans que les légistes de la chambre des communes eussent réussi à définir avec la rigoureuse précision qu’exigent les tribunaux anglais les conditions et les conséquences de la responsabilité. Le cabinet conservateur, en 1879, avait annoncé qu’aussitôt que la chambre des communes, en votant la seconde lecture,