Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/783

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il n’y faut pas regarder, surtout quand on peut supprimer tant de dépenses inutiles.

La confection d’une loi d’employés a été tentée plus d’une fois, mais toujours en vue des intérêts du parti alors au pouvoir qui plaçait les siens et les déclarait inamovibles. Aussi étaient-ils tous balayés, les employés avec la loi, au premier changement politique. Ce qui est nécessaire à présent, c’est une mesure qui fasse abstraction des partis et puisse sans injustice être obligatoire pour tous, qui sanctionne les droits acquis, d’où qu’ils viennent, conformément à l’ancienneté. Une épuration est indispensable, mais elle doit être entourée de telles garanties que la faveur ou la haine n’y entrent pour rien. La liste une fois arrêtée, la loi assurerait aux employés l’inamovibilité à l’avenir, sauf en cas de délit. Lorsque les cadres actuels seraient épuisés, — ce qui demanderait quelque temps, à cause du nombre excessif des anciens employés, — l’admission n’aurait plus lieu qu’au concours et l’avancement serait soumis à des règles invariables. On réformerait en même temps les incroyables abus qui existent dans la distribution des pensions de retraite et des congés. On fixerait le nombre des employés, — une soixantaine au plus parmi les principaux, — qui pourraient être déplacés lors d’un changement de ministère. Quant aux subalternes, occupés seulement de détail, il n’est pas besoin d’y toucher, ce qui n’a pu se faire que par un inconcevable abus de pouvoir. Le danger à prévoir, c’est que tous les défauts des employés, leur morgue, leur paresse ne se développent à l’excès, dès qu’ils se sauront sûrs de leurs places. En ce cas, il faut imposer à l’état l’obligation et reconnaître aux particuliers le droit de traduire devant les tribunaux les employés de tous grades, même les ministres, chaque fois qu’ils manquent à leur devoir. Quand les bureaux seront organisés comme ils doivent l’être et les services simplifiés, il sera permis de réduire le nombre des fonctionnaires et de réaliser des économies compensant et au-delà les dépenses nécessitées par la réforme des tribunaux, de la police et des prisons.

Il faut enfin arriver à ce que les élections se fassent légalement, c’est-à-dire qu’elles soient faites par les électeurs eux-mêmes et non par le gouvernement. Il faut choisir des hommes jouissant d’une honorable notoriété, et non des personnages étrangers au pays, connus seulement par la recommandation du ministre. Pour modifier les relations actuelles entre ministres et députés, les employés, sauf de rares exceptions qu’il s’agirait de déterminer, seraient exclus des chambres parce que, s’ils y sont indépendans, ils portent l’insubordination dans les bureaux, et s’ils sont disciplinés dans les bureaux, à la chambre ils ne peuvent que voter au commandement.