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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




30 septembre 1880.

Lorsqu’on est entré dans certaines voies hasardeuses, on est toujours exposé aux accidens, on n’est jamais sûr du lendemain. Au moment où l’on s’y attendait le moins, en pleines vacances parlementaires, tandis que le pays, sans songer à mal, en était encore aux derniers échos des voyages officiels, des fêtes et des discours de l’autre mois, voilà une crise ministérielle qui éclate, une crise bizarre, importuné, aussi inexpliquée dans ses origines que dans ses péripéties et dans son dénoûment. D’un instant à l’autre la trêve de l’automne est rompue, tout est en mouvement. M. le président de la république est obligé de s’arracher à sa paisible retraite du Jura pour revenir en toute hâte à l’Elysée. Le président du conseil, en villégiature dans les Pyrénées, est brusquement rappelé à Paris, où il a été précédé par le ministre de l’intérieur et le garde des sceaux revenant, eux aussi, du Midi, de Toulouse et de Nîmes. Le conseil s’assemble le matin, il s’assemble le soir : il se livre à toute sorte de délibérations entrecoupées dont une agence complaisante publie heure par heure les bulletins énigmatiques et contradictoires. Un jour la mésintelligence est complète dans ce cabinet naguère encore réputé si uni, maintenant partagé en deux camps ; le lendemain, l’accord est rétabli ou paraît rétabli. A peine la paix est-elle signée, la querelle intestine se ravive plus que jamais, et avant qu’on ait pu savoir exactement d’où viennent ces agitations, tout finit par la démission du président du conseil, accompagné dans sa retraite par deux de ses collègues, le ministre des travaux publics et le ministre de la marine. Le cabinet est disloqué et reconstitué ; il a changé de tête en chemin, il a pris pour président M. Jules Ferry à la place de M. de Freycinet. Que signifient donc ces étonnans phénomènes ? Quel est le secret