Page:Revue des Deux Mondes - 1880 - tome 41.djvu/691

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouvait causer une satisfaction moindre, puisqu’elle démontrait sa richesse en engrais organiques précieux.

Serait-ce l’étendue des terrains qu’il faudrait consacrer aux opérations diverses de la décantation, de l’égouttage et du séchage ? Mais nous avons vu tout à l’heure que l’ensemble du système, tout compris, occupe à la papeterie d’Essonnes tout au plus deux hectares. Donc pour la ville de Paris, ce même ensemble, bassins, chemins, chantier découvert, serait d’une soixantaine d’hectares ! Une superficie de 60 hectares, c’est en soi-même peu de chose déjà. Combien moindre encore doit-elle paraître si on la compare aux 1,500 hectares que la ville de Paris voudrait enlever à la forêt de Saint-Germain pour y détruire le bois et y substituer une inondation infecte !

Redouterait-on l’importance des bassins à construire ? Quelques chiffres suffiront encore à nous rassurer sur ce point. En traitant l’eau d’égouts par le lait de chaux dans une éprouvette graduée, on trouve, au bout de quatre ou cinq heures, dans le fond de l’éprouvette, un précipité très dense. Si on mesure la place qu’occupe ce précipité, on constate que son volume varie entre 3 et 8 litres par mètre cube d’eau. Exagérons ces chiffres pour n’être pas suspect de ménager les besoins de la cause et disons, ce qui est exorbitant, que chaque mètre cube d’eau d’égouts dépose dix litres de boue, soit un pour cent. Admettons par conséquent que les 300,000 mètres cubes d’eau de la ville de Paris, traités par la chaux, formeront chaque jour un dépôt de 3,000 mètres cubes de vase. Il faut aux boues de la papeterie de sept à huit jours pour s’égoutter et devenir transportables. Admettons encore, toujours pour exagérer, qu’il en faille dix aux boues de Paris : cela constituerait donc en permanence dans les bassins d’égouttage une nappe de 10 x 3,000 = 30,000 mètres cubes de boue : ce qui, en donnant au bassin la profondeur normale d’un mètre (profondeur minime), représenterait 3 hectares de bassins d’égouttage. Nous savons, d’autre part, toujours par l’exemple de la papeterie d’Essonnes, que l’étendue des bassins d’égouttage doit être égale à celle des bassins de décantation. Ce serait donc en tout 6 hectares de bassins maçonnés qu’exigerait l’installation entière. Est-ce là pour la ville de Paris un chiffre bien effrayant ?

L’obstacle serait-il dans les dépenses à faire soit pour le premier établissement, soit pour l’entretien des opérations ? La construction des bassins doit être évaluée, en se fondant sur ce qui a été fait à Essonnes, mais en majorant fortement la dépense comme il convient de le faire lorsque les prévisions s’appliquent à une administration publique, à 20 francs le mètre superficiel en moyenne : soit au total, pour 6 hectares 1,200,000 francs. Ajoutons à cela