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mètrès cubes par jour. Eh bien ! depuis deux ans, avec un plein succès, l’usine rend à la rivière d’Essonnes ces 10,000 mètres cubes d’eau réellement clarifiés, en même temps qu’elle isole les boues qui en proviennent, et les livre, à l’état solide, à l’agriculture du voisinage.

Le système matériel employé à la papeterie d’Essonnes se compose de deux parties, correspondant à deux phases bien distinctes des opérations.

1° Une série de bassins, parfaitement étanches, destinés à la décantation proprement dite des eaux sales ;

2° Une série de bassins à fond perméable, construite parallèlement à la première, sur un plan inférieur, et destinée à l’égouttage des boues provenant de la décantation.

Voici la marche des opérations :

Les eaux sales de l’usine sont réunies dans un canal unique de 0m,50 à 0m,60 de largeur. Le long de ce petit canal, et le surplombant, est disposée une série de cuviers circulaires. Ces cuviers contiennent de l’eau de chaux, dont la propriété bien connue est d’assurer la précipitation des matières organiques, et qui, expérience faite, a paru remplir ce but à moins de frais, et peut-être plus promptement, que le sulfate d’alumine. Ils sont munis d’agitateurs, qui maintiennent le lait de chaux constamment en suspension, et de robinets jaugés, qui permettent de l’introduire régulièrement, en assez faible proportion (de 200 à 250 grammes de chaux par mètre cube d’eau), dans le courant d’eau sale qui passe au pied de la batterie de cuviers. Quelques remous, provoqués dans le conduit par de petits obstacles artificiels, opèrent immédiatement le mélange parfait de l’alcali avec les eaux sales. Il est important de noter qu’aussitôt additionnées ainsi de lait de chaux, ces eaux perdent presque complètement toute, odeur, et n’offrent plus le moindre danger d’exhalaisons nuisibles.

Après un court trajet dans le conduit, les eaux, ainsi préparées, viennent se distribuer dans une dizaine de bassins, — les bassins de décantation, — disposés côte à côte dans le sens de la largeur, et mesurant chacun 20 mètres de long, 6 mètres de large et 1m,50 de profondeur. Chacun de ces bassins suffit à la décantation d’un millier de mètres cubes par jour. L’eau entre constamment, dans chaque bassin, par l’une des extrémités, et en sort en déversoir par l’autre extrémité. Dans ces conditions, la vitesse d’écoulement de l’eau dans le bassin est imperceptible, — elle atteint à peine un millimètre par seconde, — et la précipitation s’opère aussi bien que si l’eau était complètement dormante. On constate, à la sortie, que l’eau est tout à fait clarifiée. Ainsi un trajet de 20 mètres de