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du parc de Montsouris. Un calcul fondé sur ces données établit qu’un malade, placé dans une salle d’hôpital, introduit, par jour, dans ses poumons environ 80,000 spores de cryptogames et 125,000 organismes de la putréfaction, alors qu’un homme vivant à l’air libre introduira, par vingt-quatre heures, dans les voies respiratoires, 300,000 spores de cryptogames et seulement 2,500 microbes de la putréfaction. Quant à l’origine de ces germes, il est probable qu’ils émanent, non pas de la peau des malades, mais des déjections, ou de cette poussière desséchée qui se détache de tout ce qui a été en contact avec le patient, et s’accumule sous les lits, sur les rideaux, etc. On peut encore admettre que l’air est le véhicule principal de ces myriades d’œufs invisibles et que c’est à tort qu’on a voulu en rendre surtout responsables les eaux destinées à l’alimentation : « On oublie trop facilement, dit M. Miquel, que la quantité d’air aspirée par le poumon est dix mille fois supérieure à l’élément liquide absorbé par l’intestin, qu’enfin, dans une salle d’hôpital, le nombre des schizophytes introduits, en vingt-quatre heures, dans les voies respiratoires dépasse parfois d’une centaine de mille le chiffre des microbes apportés dans l’estomac par les eaux potables. »

Les expériences qui ont été faites sur les eaux météoriques (rosée artificielle et eau de pluie), sur les eaux de la Vanne et celles de la Seine, enfin sur les eaux d’égout, ont donné les chiffres suivans pour la teneur moyenne de ces eaux en bactériens :


Provenance Microbes par centim. cube
Eau de condensation 0.2
Eau de pluie 35
Eau de la Vanne 62
Eau de la Seine 1.200
Eau d’égout 20.000

L’eau de la Vanne, à son arrivée à Paris, est d’une pureté voisine de celle de l’eau de pluie ; l’eau de la Seine, puisée avant son entrée à Paris, à 1 kilomètre du pont du chemin de fer de Bercy-la-Râpée, est vingt fois moins pure. Mais ces chiffres ont été trouvés avec des eaux analysées aussitôt après leur arrivée au laboratoire ; si l’on attend seulement vingt-quatre heures, les bactéries pullulent, et les résultats sont tout différens : l’eau d’égout renferme alors jusqu’à 40 millions de bactéries par centimètre cube. Au point de vue de l’hygiène, il importe donc que les eaux potables soient employées sur l’heure et renouvelées à tous les repas.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.