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ESSAIS ET NOTICES.

Annuaire de l’Observatoire de Montsouris pour l’an 1880. Météorologie, Agriculture, Hygiène. — Paris, 1880 ; Gauthier-Villars.


Il y a maintenant cinq ans qu’une nouvelle branche de la météorologie pratique a été inaugurée à l’Observatoire de Montsouris : nous voulons parler de l’analyse microscopique quotidienne de l’air et des eaux. Il s’agit de mettre à l’épreuve la théorie des miasmes organisés et de voir s’il y a réellement corrélation entre les endémies ou les épidémies et la fréquence, locale ou générale, des germes charriés par l’atmosphère. Depuis l’époque où nous avons pour la première fois entretenu les lecteurs de la Revue[1] des recherches entreprises dans cette direction, les matériaux d’observation se sont accumulés et de curieux résultats ont été obtenus. M. P. Miquel les a exposés en détail dans l’Annuaire de l’Observatoire de Montsouris pour l’an 1880, et nous nous contenterons de les résumer ici en quelques lignes.

En premier lieu, il faut mentionner les résultats des recherches statistiques sur les spores de cryptogames que tient en suspension l’air du parc de Montsouris. Les nombres moyens obtenus, depuis le mois d’octobre 1878 jusqu’au mois d’octobre 1879, peuvent donner une idée de la richesse en spores d’un air relativement pur, puisé loin de toute habitation, dans un lieu dont le bon état hygiénique ne saurait être suspecté. Au mois de décembre, le nombre moyen des microbes atteint à peine 4 par litre, tandis que la moyenne du mois de juillet est de 43 ; ce mois, exceptionnellement pluvieux dans ses dix-huit premiers jours, offre dans cette période deux maxima remarquables (82 microbes par litre le 13, et 113 le 17). Ces maxima se présentent habituellement une ou deux fois chaque année, durant les époques chaudes et humides de l’été. Voici maintenant les moyennes des quatre saisons :


1878 Automne, 11,3 par litre.
1879 Hiver 5,5 —
Printemps 15,7 —
Été 28,9 —

La moyenne générale est de 15,4 microbes par litre d’air. Mais ces nombres sont encore bien au-dessous de la réalité, car l’air, en traversant l’aéroscope, ne dépose jamais qu’une portion des poussières dont il est chargé, et des expériences spéciales conduisent à admettre qu’on approchera de la vérité en doublant les chiffres directement observés ; il faut donc porter à 30 le nombre moyen des spores recueillies par litre d’air pendant l’année en question.

  1. Voyez la Revue du 15 février 1877.