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ses compatriotes, en même temps que, par sa théorie de l’adesh, c’est-à-dire de l’inspiration directe et spéciale, il plaçait les écarts de la conscience individuelle au-dessus des lois générales de la logique et de la morale.

Vers la fin de 1875, il se forma dans la congrégation de Calcutta un mouvement dit bairagya (renoncement), « en vue de faciliter la disparition des obstacles que les passions charnelles opposent au progrès moral et religieux. » Ses adeptes furent répartis en quatre ordres ou sections : yoga (communion avec Dieu) ; — bhakti (amour de Dieu) ; — gyan (recherches sur Dieu) ; — shaba (service de l’humanité). Ces quatre ordres comprenaient chacun deux degrés : l’initié ou novice et le « parvenu » (sibha) ; ce dernier grade donnait à celui qui en était revêtu une autorité spéciale sur ses coreligionnaires : « Il y aura désormais une différence entre vous et ceux qui vous entourent, disait l’officiant au néophyte. Le message de lumière viendra par votre entremise, et ils auront à le recevoir de vous. » — On voit là, pris sur le fait, comment naît, même dans les cultes originairement les moins dogmatiques et les moins ritualistes, cette distinction entre clercs et laïques qui finit par engendrer les théocraties sacerdotales, si rien n’en vient entraver le complet développement.

Une preuve du péril qui menaçait le Brahma Somaj de l’Inde, c’est que les deux premières sections, où dominait l’esprit contemplatif, absorbèrent immédiatement toute l’activité de la congrégation au détriment des études philosophiques et littéraires, ainsi que des institutions de réforme sociale. Dès 1876, Keshub interrompt ses conférences publiques et passe la majeure partie de son temps dans un jardin des environs de Calcutta, pour s’y livrera la contemplation et à la prière avec ses principaux disciples, assis, pendant des heures entières, sous les arbres, sur des nattes ou sur des peaux de tigre. Dans l’annuaire de 1877, Protab-Chunder-Mozoumdar, — qui néanmoins partageait les tendances de Keshub, — se plaint de l’abandon où ses compagnons commencent à laisser « les utiles élémens de vie, de pensée et de sentiment introduits par l’influence occidentale. » Dans son rapport de l’année suivante, il constate à regret que les écoles du Bharatbharsia Somaj sont en décadence. En 1877, s’était fermé le Brahmo Niketan, sorte de pension-modèle où l’on recevait les étudians brahmaïstes, et, quelques mois plus tard, l’école normale des filles, fondée par Keshub, se vit retirer, pour cause d’insuffisance, le subside du gouvernement. — Il y avait bien, dans la congrégation de Calcutta, quelques esprits sobres, qui réagissaient contre cette fâcheuse tendance ; mais ils n’y gagnaient que d’être accusés de tiédeur ou de jalousie. Déjà plusieurs années auparavant, des adversaires de